Aurora a élevé sa fille Emma quasiment seule, excluant tout homme auprès d’elles. Les deux femmes ont nourri une relation compliquée, empreinte d’amour possessif et de disputes multiples. Aurora refuse que Emma se marie avec Flap, un petit prof qu’elle considère bien trop médiocre pour sa fille. Pourtant, Emma n’en fait qu’à sa tête et quitte même le Texas pour suivre son époux. Ils sont bientôt les parents de trois enfants, malgré leurs difficultés financières. De son côté, Aurora se laisse séduire par Garrett, son voisin astronaute un peu frimeur, et vit une passion inattendue à plus de cinquante ans…
Au départ, un roman de Larry Mac Carthy contant la relation abusive entre une mère et sa fille, adapté à l’écran par James L. Brooks dont c’est le tout premier essai derrière la caméra. Le récit se déroule avec en son centre le personnage d’Aurora, une femme d’une cinquantaine d’années, célibataire depuis des lustres mais mère possessive, étouffante, trop présente dans la vie d’Emma, sa seule fille adorée. Tendres Passions explore les sentiments maternels avec sensibilité, les liens familiaux profonds sous la forme d’une chronique tumultueuse. Brooks privilégie l’humour, les dialogues bien troussés, les situations cocasses (l’amour naissant entre Aurora et son voisin frimeur la draguant depuis des années), avant de virer subtilement vers le mélodrame: d’abord la séparation géographique, les aléas de la vie, les désillusions de chaque protagoniste, et puis la maladie qui vient assombrir le destin. La fresque se passe avec délicatesse, distillant l’air de rien des émotions véritables, que le scénario agence sans tomber dans le « trop plein ». Ne nous y trompons pas, sous ses dehors de « drame ordinaire », Tendres Passions s’avère implacablement dur et triste.
Que serait néanmoins le film sans son trio extraordinaire? En mère accaparante, Shirley Mac Laine fait plus que bien passer toute la complexité de son personnage, Jack Nicholson se régale à faire son numéro de cabotin (attachant toutefois), Jeff Daniels en mari insouciant se débrouille pas mal aussi. Mais c’est surtout Debra Winger qui emporte largement le morceau en fille entêtée, rebelle, amoureuse, battante, puis finalement vaincue. Une actrice formidable au début d’une carrière qu’elle choisira hélas de stopper prématurément. 5 Oscars furent attribués à cette oeuvre (dont celui du meilleur film) dont on entend battre le coeur par sa générosité et sa capacité à éviter le larmoyant. Même si pour le final, les mouchoirs sont vivement recommandés.
ANNEE DE PRODUCTION 1983.