Madeleine Girard, une mère éplorée, débarque dans les studios d’une télévision pour lancer un appel désespéré. Destiné au ravisseur de sa petite fille, enlevée le matin même, et lui promettant de payer la rançon exigée. Elle ignore que son mari a déja contacté la police. Une course contre la mort commence alors pour retrouver l’enfant saine et sauve…
Après deux films ensemble dont Mourir d’aimer qui fut le carton que l’on sait, le metteur en scène André Cayatte et Annie Girardot, son actrice phare, tournent ce troisième film ensemble au cours de l’été 1976. Le thème en est le rapt d’une enfant par un individu non identifié et fait écho à une triste affaire qui a défrayé la chronique judiciaire, quelques mois plus tôt, celle de Patrick Henry! L’homme a été arrêté après avoir enlevé un garçonnet, demandé une rançon, pour finalement le tuer malgré tout. D’emblée, le film commence à toute vitesse, déclenchant une angoisse immédiate, l’identification au personnage de cette maman aux abois fonctionne à fond. Qui ne serait pas révolté par ce qu’elle traverse? Cayatte n’a donc pas choisi un sujet facile, loin s’en faut, et il sait que les spectateurs vont forçément être touchés en plein coeur. Justement c’est ce que les critiques de l’époque lui reprochent beaucoup, d’avoir cherché à faire pleurer dans les chaumières, à user de cette tragédie afin de provoquer un débat sur la peine de mort. Il est vrai que son film aurait pu se diriger vers une réflexion sur la justice et sur sa position face aux crimes d’enfant, pourtant au lieu de ça, il opte pour traiter davantage de la douleur interne qui dévaste cette mère, et cette famille, on le saura plus tard, dysfonctionnelle.
C’est là que A chacun son enfer peut être accusé d’un certain voyeurisme gênant, le réalisateur s’attardant uniquement sur la souffrance de Madeleine et sur ses émotions, plus que sur l’enquête policière en elle même. Il s’appuie avec confiance sur son interprête principale, il sait combien Annie Girardot est douée pour tout jouer, et la pousse dans ses retranchements les plus sombres. Le jeu de l’actrice est bien sûr formidablement intense, mais il est exploité jusqu’au malaise, alors que le rôle aurait nécessité plus de dignité, ou au moins un peu plus de retenue. Il n’empêche que le film se suit avec beaucoup d’intêret et le dénouement qui réserve une surprise de taille plonge dans l’atrocité la plus absolue. On peut s’interroger sur les intentions réelles d’un scénario aussi radical, qui nage entre le fait divers sordide et le mélodrame nihiliste. En tout cas, il ne peut laisser indifférent et en provoquant des réactions de rejet, atteint finalement son but.
ANNEE DE PRODUCTION 1977