A Barcelone, l’inspecteur André Gattino cherche à récupérer un stock d’armes dissimulé par Manuel, truand détenu en prison et qui refuse de parler. Le flic fait pression sur Fanny, la petite amie de Manuel, une loubarde notoire, pour tenter d’avoir des informations. N’hésitant pas à la « séduire » de manière insistante et musclée, ils rentrent tous deux dans une relation plus que trouble…
Remarqué pour ses oeuvres atypiques (Cambio de sexo), l’espagnol Vicente Aranda réitère avec son style singulier pour la réalisation de ce polar, tourné à Barcelone, avec un couple de comédiens français. A coups de crosse raconte la rencontre d’une jeune et jolie loubarde blonde et d’un flic pourri, prêt à toutes les saloperies pour intimider ses suspects. Sous ses dehors de film policier « ordinaire » avec séquences de poursuites, d’interrogatoire et de tension nerveuse, Aranda met surtout en scène un film de genre où c’est la complexité des rapports humains qui demeure la plus passionnante. En effet, entre cette fille monomaniaque et cet homme brutal, va se nouer une relation mentale et sexuelle sado masochiste, empreinte de violence physique et aboutissant à une vengeance élaborée. Avec ses personnages sans artifices et une noirceur constante, le film ne se contente pas d’être juste psychologique, en montrant aussi le hold up particulièrement audacieux d’un fourgon blindé, occasionnant un habile suspense. Grâce à une réalisation bien menée et un récit accrocheur, ce polar original et glacial trouve son tempo autour du lien malsain installé entre ces deux êtres, aussi taiseux l’un que l’autre.
A coups de crosse semble certes un peu connoté années 80 mais seulement au niveau des costumes, des coupes de cheveux et des voitures de cette époque, car dans le propos, Aranda réussit une oeuvre trouble et sans compromis, ne versant pas dans le « racoleur » facile. Il y est fortement aidé par son tandem très bien choisi, constitué de Bruno Cremer, parfait en flic odieux et surtout de Fanny Cottençon en fille déterminée, offrant une belle prestation dans ce rôle complexe, quelque part entre victime et bourreau. Sorti en catimini et mal vendu, le film vaut aujourd’hui largement d’être réhabilité.
ANNEE DE PRODUCTION 1984.
