Un beau matin, Elsa quitte son mari infidèle et ses deux enfants et débarque chez sa soeur, Alice, artiste peintre nouvellement installée avec son dernier amoureux, Franck. Très vite, elle s’immisce dans la vie du couple, elle attendrit sa soeur par tous les subterfuges. On ne voit bientôt plus qui est victime, qui est bourreau et les relations entre les deux femmes deviennent de plus en plus orageuses…
Depuis Diabolo Menthe, la réalisatrice Diane Kurys se sert de sa propre vie et de son expérience personnelle pour nourrir les scripts de ses films. Au début de sa carrière, elle tapait juste par sa faculté à établir des histoires sensibles et pleines de vérités, on se souvient surtout de son merveilleux Coup de Foudre ou du réussi La Baule Les Pins. La décennie 90 lui a moins porté chance, comme en témoigne cet opus, pourtant porteur d’un sujet passionnant sur le papier: la cinéaste décortique la relation toxique de deux soeurs, entre l’amour et la haine. Le film ne manque pas d’idées ni de thèmes (la jalousie, l’emprise, la passion) et on sent bien que Kurys a des choses à dire. Le souci est plutôt dans le traitement: sa mise en scène conventionnelle convient mal à la complexité de ce lien indicible entre deux femmes jouant l’une et l’autre à vouloir recréer un passé et une complicité qu’elles n’ont plus, d’autant que l’ainée est aussi « perverse » que la cadette est « passive ». L’autre effet négatif provient du huis clos de cet appartement quasi permanent enfermant le spectateur sans lui laisser de respiration possible, et étouffant le récit même. Kurys a voulu décrire une obsession et une aliénation et elle échoue à en restituer tout le trouble. Alors, elle choisit l’axe le plus redouté: l’hystérie et le psychodrame chargé, avec même une pointe de thriller dans la dernière partie, la plus ratée sans aucun doute.
A la folie propose une très belle affiche avec le duo Anne Parillaud/Béatrice Dalle, alléchante pour voir deux actrices se confronter à des émotions extrêmes. La star de Nikita minaude et sussure ses répliques plus qu’elle ne les vit vraiment, alors que Dalle impose sa nature explosive, animale et pleine de rage dans une composition intéressante. Les hommes, au milieu de ce tourbillon féminin, peinent à exister: Alain Chabat pour son premier rôle dramatique et le jeune Patrick Aurignac, un acteur étoile filante mort deux ans après le tournage, se distingue légèrement plus. Ce qui aurait pu être un beau drame tendu n’aboutit qu’à une oeuvre tiédasse.
ANNEE DE PRODUCTION 1994.