Clem et François s’aiment depuis l’enfance et désirent se marier. François, surnommé Bébé, est noir et alors qu’il a seulement 18 ans, il est accusé par un flic acharné d’un viol qu’il n’a pas commis. Clem tombe enceinte avant son incarcération. Marianne et Joel, les parents de Clem, vont tout faire pour prouver l’innocence du jeune homme et lui éviter de passer des années en prison…
Juste après le lumineux et si tendre Marius et Jeannette, Robert Guédiguian revient à un récit beaucoup plus sombre et moins léger avec ce huitième long métrage. Toujours tourné à Marseille, mais cette fois dans les entrailles de cette ville qu’il connait si bien et non plus dans le quartier de l’Estaque, le film décrit au son de la voix off du personnage féminin l’amour pur mais contrarié de deux adolescents, différents seulement par leur couleur de peau. Il adapte en fait un roman américain de James Baldwin Si Beale Street pouvait parler et y ajoute ses thème favoris: le métissage, la solidarité ouvrière, l’entraide familiale plus forte que tous les obstacles. Ses généreuses et louables intentions offrent quelques séquences plutôt jolies, où les regards en disent plus long que les mots, où l’amour s’exprime par le silence, mais où le coeur bat toujours. Pourtant, cette fois, le résultat n’est pas à la hauteur de ses précédentes réussites. Il pêche par un excès de manichéisme ( le flic pourri est forcément raciste, la mère bigote foncièrement hystérique), par un manque de lyrisme (le récit se laisse suivre mais mollement), et même sa légendaire chaleur humaine ne permet pas d’adhérer à l’histoire de ces jeunes gens, au demeurant adorables.
Hormis l’habituelle présence de l’équipe chère à Guédiguian (Ariane Ascaride, Jean Pierre Darroussin, Gérard Meylan encore formidables), c’est le reste du casting qui est en grande partie responsable de ce petit « ratage ». En effet, le couple formé par Clem et Bébé est joué de façon très monocorde et plate par deux comédiens inexpérimentés et qui ne parviennent pas à faire jaillir l’émotion. Bien entendu, l’humanisme à tout crin et l’esprit communiste de l’auteur de La Villa ne sont pas totalement absents, mais une déception certaine laisse un goût amer au moment venu du dénouement, bien trop naïf pour convaincre.
ANNEE DE PRODUCTION 1998.