Sur la côte marseillaise, une petite tribu a ses habitudes au cabaret « Le perroquet bleu », qui périclite faute de clients. Les copains en perdition sociale se rassemblent là: Jaco, Patrick (tous deux chômeurs), Marie Sol (femme de ménage exploitée par son patron), Otto un ancien légionnaire et Josepha, trop âgée pour continuer à faire du strip tease son métier. Tout ce petit monde se retrouve bientôt hébergé au Perroquet dans un bel élan solidaire, mais les difficultés continuent quand même à les frapper…
Ce sixième film de Robert Guédiguian est un film palier dans son parcours, car il marque la sortie d’un cinéma « régional » et confidentiel que les critiques ont jusque là assez peu salué. Il s’agit à nouveau d’un conte humaniste et sensible où la crise économique et les duretés sociales sont la toile de fond du propos. Encore une fois, on n’échappe pas à une certaine vision « misérabiliste » d’une France oubliée, croulant sous les taxes, ne parvenant plus à vivre décemment, et en cela cet univers sinistre ressemble à du Ken Loach. Mais le cinéaste marseillais n’aime pas s’apesantir sur du pathos facile, ni faire pleurnicher gratuitement dans les chaumières, il préfère montrer la solidarité, l’union sacrée de ce groupe soudé, aussi bien par leur indéfectible amitié que par leur volonté de ne pas renoncer. Cette communauté survit donc avec gaieté et le scénario montre leur capacité d’entraide et d’altruisme.
A la vie, à la mort! réussit à toucher grâce à un script structuré et géométrique, dans lequel chaque personnage a sa partition à jouer, son rôle bien défini. Le langage et la parole libérée sont les atouts majeurs de ce combat contre la crise du travail, l’étiolement des valeurs et le film rend un bel hommage à la force des « faibles », des oubliés du capitalisme, comme c’était deja le cas dans L’argent fait le bonheur. Toute la troupe habituelle apporte chaleur humaine, humanité et émotion à l’ensemble, avec un petit nouveau dans la bande, Jacques Gamblin, très convaincant. Avec cette oeuvre, nul doute que la voie du succès était tracée pour Guédiguian, et d’ailleurs son film suivant sera l’ultra récompensé Marius et Jeannette.
ANNEE DE PRODUCTION 1995.