1914, en Afrique Centrale. Les troupes allemandes débarquent. Après la mort de son frère pasteur, l’anglaise Rose Mayer, vieille fille prude et collet monté, est obligée de fuir à bord d’un rafiot conduit par un aventurier alcoolique, Charlie Allnut. Ils ne sont pas au bout de leurs peines…
D’après un roman de C.S Forester, African Queen est rentré dans la légende des grands classiques hollywoodiens par son charme indiscutable et surtout la rencontre improbable entre deux personnages que rien ne prédestinait à se croiser. Derrière la caméra, John Huston orchestre cette aventure exotique irrésistible prenant pour prétexte un contenu politique lourd (la première Guerre mondiale et l’offensive allemande) pour se concentrer sur les rapports houleux (et ensuite plus tendres) entre une femme coincée et un homme alcoolo et brut de décoffrage, embarqués sur une rivière aux milles dangers. Hormis les deux protagonistes, la Nature s’invite en force avec ses innombrables plans de jungle et d’animaux en tous genres: on y croise des crocodiles, des hippopotames, des singes, des lions, des éléphants et même de redoutables sangsues d’eau. Le dépaysement est au programme de cette bande d’aventures également drôle et sentimentale: dès le moment où les personnages brisent leurs barrières de retenue et laissent agir leur attirance, African Queen devient une histoire d’amour des plus attachantes, où les opposés unissent leur courage pour se serrer les coudes face aux obstacles d’un voyage mouvementé. Huston dose avec délice les passages d’action avec d’autres assez comiques, puis revient toujours à l’essentiel: l’amour! Sur des dialogues signés James Agee, le scénario annonce autant Mogambo du même Huston que La Rivière sans Retour, le beau western avec Marilyn.
African Queen cumule ainsi bien des qualités, mais son duo vedette suffirait presque à le rendre absolument incontournable. Il fallait imaginer réunir les deux stars vieillissantes que sont Humphrey Bogart et Katharine Hepburn et les placer sur l’espace restreint d’un rafiot d’infortune pour observer leurs tempéraments éclater. Leur camaraderie aussi bien que leurs prises de becs font tout le sel d’une intrigue pittoresque dont on n’aurait jamais parié au départ sur le potentiel romantique! Et pourtant, grâce à leur immenses dons de jeu, ils accomplissent des miracles. Bogie remporta le seul Oscar de sa carrière, lui qui fut longtemps cantonné aux films noirs. La couleur utilisée par le chef opérateur Jack Cardiff sublime les paysages africains autant que les beaux visages de ce tandem choc. Entre gin et tasse de thé, rires et émotions, voici une odyssée qui torpille!!
ANNEE DE PRODUCTION 1951.
