Alice est une new yorkaise bourgeoise, qui a tout pour être heureuse (de beaux enfants, un mari brillant, et une aisance financière). Pourtant, elle s’ennuie dans cette vie et ce mariage morne. Alors qu’elle est contre tout idée d’adultère, elle tombe sous le charme d’un saxophoniste aux yeux de braise, Joe. Peut être que le récent traitement aux mystérieuses herbes que son acupuncteur, Le Dr Yang, lui a prescrit commence à lui faire voir la vie autrement…?
Entre Crimes et Délits et Ombres et Brouillard, Woody Allen, toujours très prolifique, a écrit et réalisé cette très charmante comédie sentimentale. Dressant un touchant portrait féminin pointu et tendre, il se penche sur le cas d’Alice, cette femme mariée à un homme qui ne la regarde plus, et dont l’existence passe sans que rien ne la bouscule. Elle est réfractaire à toute idée de liaison et comme par miracle, un traitement aux plantes va modifier son comportement. Woody s’amuse à glisser dans l’irrationnel et voici que son héroïne devient invisible, vole au dessus de New York, tape la discute avec un ancien petit ami mort, et s’autorise toutes les audaces, même celle de tomber follement amoureuse d’un musicien sans le sou! Beaucoup de légèreté dans sa mise en scène, un grain de folie, et de la cocasserie font d’Alice une de ses oeuvres les plus originales et attachantes. Les dialogues naviguent entre réflexions profondes sur le couple, l’amour et remises en question radicales. Avec toujours un humour typique de l’auteur d’Annie Hall.
Filmé dans des couleurs chaudes et rendant encore une fois la ville de New York sublime, cet opus émeut, séduit et offre de beaux moments de poésie, tandis que la trajectoire de vie de cette jeune femme change de direction. Ce joli scénario s’inspire sur certains aspects de son actrice principale et muse Mia Farrow, délicieusement adorable avec son petit chapeau rouge et son air candide, semblant planer au dessus de la mêlée! Les comédiens lui faisant face sont tous remarquables (Joe Mantegna, charmeur sans se forcer, William Hurt en mari volage, et Alec Baldwin en ancien amant décédé, mais bavard!). Allen réussit là un film excentrique, mais bourré d’une tendresse peu surprenante de sa part.
ANNEE DE PRODUCTION 1990.