ALOÎSE

L’histoire véridique d’Aloïse, aliénée, enfermée toute sa vie, après la première guerre mondiale et qui finit par ne trouver que la peinture pour seul moyen d’expression.

La réalisatrice Liliane de Kermadec, malheureusement oubliée, fut à la tête d’une dizaine de longs métrages de cinéma et quelques autres oeuvres de télévision, et son film le plus « reconnu » ressort aujourd’hui, presque 50 ans après sa sortie. Aloïse retrace l’histoire vraie d’une des artistes majeurs de l’Art Brut, Aloïse Corbaz, qui souffrait d’aliénation et qui demeura enfermée pendant plus de quarante ans. Cette biographie n’a pourtant rien des « biopics » traditionnels que l’on voit débouler sur nos écrans à tout bout de champ, elle se penche davantage sur des thèmes comme l’internement et surtout la condition féminine juste après le premier conflit mondial. L’héroïne est une femme muselée, victime à la fois du cercle familial que de l’église et également d’un patriarcat ultra dominant. De Kermadec choisit une mise en scène des plus sèches et très distanciée pour évoquer ce destin « brisé », comme pour s’en tenir à une sorte de constat terrible, sans jugement ni dramatisation à outrance. En refusant tout lyrisme, Aloïse ne cherche pas à plaire, le film est même assez aride et dès lors que nous rentrons dans l’établissement psychiatrique avec elle, le temps nous parait démultiplié, la lenteur du rythme pouvant en décourager plus d’un. Au départ attirée par le chant et rêvant de devenir cantatrice, sa voix s’enraille et sa raison avec, glissant ensuite dans une espèce de mutisme que l’on qualifia bien vite de « démence précoce ». Son esprit créatif lui permit malgré tout de dessiner et peindre des toiles témoignant de sa vérité.

Pour l’incarner, deux grandes actrices pour le prix d’une seule: tout d’abord Isabelle Huppert, toute jeunette, impose déjà son jeu étudié dans un registre qu’elle déploiera de manière un peu similaire dans La Dentellière, et surtout Delphine Seyrig prenant le relais au moment où Eloïse quitte son poste de gouvernante et sombre dans la « folie ». Elle a une manière de jouer cet état tout à fait stupéfiante, constamment juste, sans jamais en rajouter. Dans cet asile d’ailleurs, point de malades « hystériques », plutôt des fragilités mentales silencieuses, rendant le propos d’autant plus réaliste. Un film difficile d’accès qu’il faut prendre le temps d’appréhender pour en déceler la beauté particulière.

ANNEE DE PRODUCTION 1975.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Une réalisatrice discrète (De Kermadec) aux commandes de ce film sec sur l'aliénation d'une femme artiste. Double cadeau avec l'interprétation d'Isabelle Huppert à ses débuts et de Delphine Seyrig, intense comme tout.

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