Inès est menacée d’expulsion avec Adam, son adolescent de 14 ans. A la recherche d’un emploi, elle est prise à l’essai chez Anti Squat, une société qui loge des personnes dans le besoin, dans des locaux inoccupés pour les protéger contre d’éventuels squatteurs…
Il y a six ans, le réalisateur français Nicolas Silhol faisait ses armes avec son premier long métrage, Corporate, situé dans le monde du travail, décortiquant le harcèlement moral subi par les employés d’une grande entreprise, allant pour certains jusqu’au suicide. Pour son second passage derrière la caméra, il se penche sur un sujet original et jamais traité (l’occupation de bâtiments vides par des résidents temporaires pour éviter le phénomène de squattage) et le moins que l’on puisse dire est qu’il frappe un grand coup en captant l’air des temps modernes. Un air voyant triompher l’exploitation, la déshumanisation et le capitalisme à outrance dans un récit tendu comme un arc, montrant des dérives incroyables sous prétexte que les fameux résidents n’ont pas les moyens de refuser des règles hyper strictes. Anti Squat se place brillamment quelque part entre le drame social réaliste et le thriller pour sa montée en tension progressive et inéluctable. Par le truchement d’une mise en scène froide et cinglante, le film déploie son propos de manière implacable, tout en dessinant un portrait féminin aussi complexe que passionnant.
Dans le rôle de cette femme mère écartelée entre ses principes et ses intérêts personnels, Louise Bourgoin (jusque là employée dans des films sympathiques mais pas transcendants) nous fait le cadeau d’une forte interprétation, pleine de nuances. Il faut dire que l’écriture du script porte déjà en elle bien des qualités, en premier lieu celle de comparer la situation de cette héroïne en plein dilemme à celle des collabos contre les résistants pendant l’Occupation! Tous ses partenaires, pour la majorité novices, tirent très bien leur épingle du jeu, à l’instar du jeune Samy Belkessa, jouant son fils rappeur et rebelle. En pointant du doigt le problème récurrent de la crise du logement et de tous ceux qui en profitent pour exploiter les plus faibles, Anti Squat a tout de la très bonne surprise hautement recommandable de la rentrée ciné!
ANNEE DE PRODUCTION 2023.