Anna, journaliste, écrit un livre sur le suicide des femmes au XXe siècle. Elle s’intéresse du coup à une jeune femme, Antonieta Rivas Mercado, mexicaine, qui s’est donné la mort en février 1931 dans la cathédrale Notre Dame de Paris. Elle part à la recherche de son passé en se rendant au Mexique.
Après une décennie de films formidables et marquants, l’espagnol Carlos Saura aura plus de mal avec les années 80, et son inspiration semble se tarir peu à peu. Comme en témoigne Antonieta, qui avait pourtant de quoi lui permettre de briller puisque le sujet de départ englobe beaucoup des thèmes qui lui sont chers: la quête d’identité, le besoin de liberté et d’indépendance féminine et bien sûr le spectre écrasant de la mort. S’appuyant sur une histoire authentique survenue dans les trente premières années du siècle au Mexique, Saura nous conte l’itinéraire malheureux et plein de désillusions d’une femme artiste, idéaliste et dont les idées politiques firent scandale à l’époque. Il retrace la Révolution à l’oeuvre dans le pays, le combat de Vasconselos pour arriver au pouvoir (élections qu’il perdra), et met en parallèle les amours platoniques d’Antonieta avec un peintre homosexuel et son engagement idéologique auprès de Vasconselos. Sans lever le voile sur les raisons expliquant son suicide, Saura s’embourbe dans un récit désespérement plat et même sa mise en scène, d’habitude pleine d’idées et d’audace, reste cette fois d’une tiédeur inexplicable. Le cinéaste de Cria Cuervos n’a sans doute pas trouvé le bon équilibre entre les séquences se déroulant au début des années 80 et celles (majoritaires) vécues 50 ans plus tôt.
De plus, on sent une dichotomie entre l’envie de se concentrer sur le destin tragique d’une belle héroïne et celle de faire un panorama exhaustif de la politique mexicaine (chose relativement complexe vu la densité du propos) et Carlos Saura ne traite finalement ni l’un ni l’autre. L’espagnol ne vient pas non plus au secours de ses deux grandes comédiennes que sont Isabelle Adjani (alors au zénith de sa gloire) et Hanna Shygulla, égérie de Fassbinder. Toutes deux paraissent figées, presque déconcernées par l’enjeu brouillon qui les met mal à l’aise. Bref, à l’arrivée, une immense déception face à un tel regrettable ratage.
ANNEE DE PRODUCTION 1983.