Camille voit sa vie brisée par le décès brutal de son fils dans un accident de la route. Incapable de faire son deuil, elle s’attache à Franck, le meilleur ami de celui ci, qui se trouve être aussi le responsable du drame. Les proches de Camille ne comprennent pas son attitude. Le vide se fait autour d’elle, mais elle continue à nourrir une sorte d’obsession pour le jeune homme, défiant toute morale et tout bon sens…
L’acteur Gael Morel, que l’on a tant aimé dans Les Roseaux Sauvages d’André Téchiné, est passé à la réalisation au début des années 2000. Il livre là son quatrième long métrage et certainement son plus sombre aussi. Il raconte l’histoire d’une femme dévastée par un deuil impossible, la perte de son fils dans un terrible accident, et sa manière à elle de faire face: au lieu de sombrer, elle décide de continuer à vivre autrement en s’accrochant au rescapé, qui était aussi l’ami de ce fils disparu. Est ce pour elle une façon de prolonger la vie, de contourner le malheur, de ne pas renoncer à la jeunesse qu’elle a perdu? Est elle attirée par ce jeune homme de façon inconsciente? Autant de questions que le film soulève et pose avec acuité et pertinence, se gardant bien d’y répondre. Morel privilégie les non dits avec une sensibilité héritée du cinéma de Téchiné justement, dont l’ombre plane en permanence. En dehors de tout naturalisme, il propose un récit sur la résilience d’une femme en rupture, qui ne réagit pas « comme elle devrait », comme la société lui dicte de faire.
Il y a des trous dans sa mise en scène, parfois hésitante, parfois timorée, mais ces imperfections ne desservent pas l’ensemble, au contraire elles participent de la confusion mentale des personnages, devant faire face au manque, au vide laissé par le mort. Dans le rôle de cette mère s’affranchissant des conventions et gérant son chagrin en fixant ses idées sur l’ami de son fils, Catherine Deneuve largue les amarres, se montre défaite, brisée et en même temps toujours aussi classieuse. Gael Morel la filme avec toute l’admiration qu’il a pour elle, un peu au détriment des seconds rôles, un peu sacrifiés. Thomas Dumerchez étonne pour une première apparition à l’écran, tandis que Guy Marchand traine sa triste figure au détour de quelques scènes. Il est dommage aussi qu’Elodie Bouchez ne soit pas employée avec davantage d’épaisseur. Malgré un refus de la tristesse « obligée », un film âpre et douloureux.
ANNEE DE PRODUCTION 2007.