Une nuit, dans un commissariat du Pas de Calais, une inspectrice de police, Pontoise, reçoit la visite d’une femme ébranlée et agitée, qui vient se constituer prisonnière, révélant qu’elle a assassiné son mari violent, dix ans auparavant. Elle insiste pour être arrêtée et punie et réclame un procès verbal en bonne et due forme…
Au départ, l’histoire est tirée d’un roman d’un sacré écrivain, hélas disparu prématurément en fin d’année dernière, Jean Teulé, intitulé Les Lois de la Gravité. Traitant avec force et pertinence d’un sujet délicat, les violences conjugales, l’adaptation cinéma aurait pu être une réussite si tous les éléments avaient été assemblés dans ce sens. Malheureusement, cette piteuse mise en images prend l’eau de toutes parts, multipliant les pires défauts qu’un film puisse nourrir. D’abord les dialogues, au mieux médiocres, sont même plutôt affligeants, ensuite les flash backs à la pelle, censés nous éclairer sur le passé tortueux de cette coupable elle même victime d’un homme tellement abominable que le personnage est une caricature à peine croyable du beauf de base, sont aussi pesants que démonstratifs et finissent par casser le rythme d’une intrigue déjà lourde en soi! Enfin, pour couronner le tout, la mise en scène de Jean Paul Lilienfeld (pourtant auteur du très bon Journée de la Jupe) part dans tous les sens, sans la moindre nuance, utilisant le regard subjectif de son héroïne avec une caméra à l’épaule tremblotante et incapable de restituer convenablement le vrai malaise de la violence quotidienne. Ce qui aurait été judicieux est de soigner davantage le huis clos du commissariat en installant une véritable tension dramatique entre les deux personnages féminins, mais on assiste plutôt à un Garde à Vue soporifique et raté.
Point de meubles à sauver non plus avec le duo d’actrices, choisi pour jouer cet affrontement de caractères. La vétérante Miou Miou, déjà Femme flic chez Boisset dans les années 80, semble ici assez éteinte, débitant son texte comme une automate fatiguée, tandis que sa partenaire Sophie Marceau, comme d’ordinaire, ne parvient pas un seul instant à émouvoir dans ce rôle de femme battue bien décidée à expier son crime. L’une comme l’autre ont le visage défait, la mine creusée et cela ne suffit pas à les rendre crédibles dans ce drame poussif auquel on ne croit pas. Et comme l’inspectrice de police, on se surprend à scruter notre montre à bien des reprises, attendant que ce navet insignifiant tire à sa fin!
ANNEE DE PRODUCTION 2013.