La vie calme et sereine de Karen Mc Cann vole en éclats le jour où un étranger s’introduit chez elle, viole et assassine sa fille de dix sept ans. Une fois le choc passé, le chagrin se transforme en amertume et en colère de voir que la Justice ne peut condamner l’homme qui a été arrêté. En effet, ce dernier est relâché suite à un vice de procédure. Karen songe alors à se venger toute seule…
Autrefois, John Schlesinger fut un excellent réalisateur et signataire de grands films tels que Macadam Cow Boy ou Marathon Man , et avait une place de choix à Hollywood. Avec l’âge hélas, il a cédé aux sirènes des recettes toutes faites de studios, comme en témoigne cet assez mauvais film, prenant pour sujet le thème de la vengeance, et se voulant un plaidoyer pour l’autodéfense. L’histoire de cette mère anéantie par la mort de sa fille et qui décide de flinguer elle même le tueur, pour pallier les carences de la Justice est non seulement très discutable moralement , mais en prime traité avec un maximum d’effets tire larmes et de malhonnêteté. La mise en scène ne décolle jamais, aucun style particulier ne se dégage, la caméra filme mollement l’action sans jamais élever le débat. Le script aurait pu soulever des questions intéressantes et pertinentes, au lieu de ça, les nuances restent désespérement absentes et Schlesinger préfère sortir les gros sabots et les flingues, afin de pondre un énième thriller cent fois déja vu, et d’une lourdeur achevée.
La complaisance dérangeante avec laquelle la violence est montrée (des deux côtés: victime ou bourreau) se vautre dans une caricature regrettable qu’aucune séquence ne vient sauver. On se demande par moments si le film n’a pas été sponsorisé par la RNA, si puissante en Amérique! Coté distribution, la maman vengeresse est jouée par Sally Field que l’on a connu plus subtile dans Norma Rae par exemple , le méchant tueur a les traits de Kiefer Sutherland au potentiel assez médiocre, même s’il en fait des caisses pour paraître ignoble, et l’inspecteur de police est interprété par Joe Mantegna, qui a plutôt la belle allure d’un mafieux italien, échappé d’un Scorcese. Autant dire qu’au final, il ne reste pas grand chose de valable à se mettre sous la dent.
ANNEE DE PRODUCTION 1996.
