2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record: la zone au taux de criminalité le plus haut de France. Poussé par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade d’intervention sur le terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, trois policiers adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune, pour obtenir des infos de leurs indics. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…
Les très bons polars français ne sont pas légion depuis ces vingt dernières années. Il en sort beaucoup, mais très peu parviennent à marquer les esprits. Sauf peut être les films d’Olivier Marchal, ancien flic et connaissant parfaitement le milieu qu’il décrit et puis Cédric Jimenez, auteur de La French, qui revient ici avec cette histoire de plusieurs agents de la brigade anti criminalité, contraints de franchir la frontière de l’illégalité pour garder une efficacité dans les quartiers les plus dangereux de la Cité Phocéenne, devenus des zones de non droit. Inspiré de faits réels ayant secoué la police il y a une décennie, le film se présente sous la forme d’un western urbain, d’un thriller musclé au rythme fou et enchainant les séquences de tension, sans aucun temps mort. La mise en scène nerveuse et inspirée de Jimenez donne du punch et surtout un réalisme incroyable au déroulement d’opérations très délicates, où chaque flic risque clairement sa vie. Suivre leur quotidien rappelle bien sûr l’extraordinaire Les Misérables, oeuvre choc de 2019, mais ici le point de vue policier prime avant tout, à l’inverse du film de Ladj Ly. Le scénario sort l’artillerie lourde niveau action et le spectacle promis est au rendez vous.
L’efficacité indiscutable de BAC Nord, son âpreté et sa rudesse ne doivent pourtant pas faire oublier que l’ultime partie se veut une charge lourde contre le système judiciaire, pourri de l’intérieur et lâchant ses hommes lorsqu’ils doivent se justifier de leur comportement limite. Là est certainement la grosse faiblesse du film: une complaisance appuyée envers la représentation de ces anti héros finit par laisser un goût étrange à notre appréciation. Une fois que le propos a bien démontré que la corruption est partout, quelle morale retenir de ce constat? Mais ne boudons pas trop notre plaisir de cinéma pur, grâce aussi à des acteurs très convaincants: Gilles Lellouche en forte tête qui vacille, Karim Leklou imposant après son premier rôle dans Le Monde est à toi, et enfin François Civil tentant de sortir de son image de beau gosse avec mérite. La présence d’Adéle Exarchopoulos, encore étonnante dans une composition un peu sacrifiée, apporte une touche féminine bienvenue dans cet univers machiste et couillu.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.