BEAU PERE

Après avoir perdu sa mère dans un accident de voiture soudain, Marion, 14 ans, doit choisir entre vivre avec son père ou son beau père qui l’a également élevé. La jeune fille ressent déjà une attirance sexuelle très forte envers Rémy, ce beau père, pianiste vivant mal de son métier et se trouvant totalement décontenancé devant les émois qu’il provoque chez elle…

Au départ, Beau Père est un ouvrage littéraire écrit par Bertrand Blier au moment du tournage des Valseuses. Il décida presque sept ans après à l’adapter pour le grand écran, malgré l’aspect scabreux de cette histoire où une jeune adolescente clame son amour et surtout son désir physique pour son beau père, un homme de presque 30 ans, plutôt looser et peu entreprenant. Laissant pour une rare fois la vulgarité ou les propos osés au placard, l’auteur de Buffet Froid se penche sur cet amour illicite, interdit par la morale et la loi, pour en faire une romance contrariée et finalement touchante. Parce qu’il y met les « formes », filmant avec une extrême délicatesse le rapprochement de ces deux êtres, sans tomber dans le voyeurisme facile, d’ailleurs les rares séquences « charnelles » sont davantage suggérées que montrées. Blier prend son temps pour établir tout d’abord les barrières que le personnage masculin ne veut pas franchir, appuyant fortement sur l’obstination tranquille de la jeune fille et de ses certitudes pour parvenir à se faire aimer comme elle l’entend. Point d’emprise d’un adulte sur une adolescente ici, tout se met en place par strates et avec une retenue exemplaire. Malgré le tact de sa réalisation, Blier étire son film de façon un peu exagérée, d’où certaines longueurs, surtout dans la dernière partie. Quelque part entre une sorte de « comédie grave » et un drame feutré, Beau Père parvient subtilement à capter notre intérêt et à adhérer à ce qui se passe.

Beaucoup grâce à l’interprétation aussi: la jeune Ariel Besse, au visage rappelant autant Marie Trintignant qu’Audrey Tautou, se défend fort bien pour ce rôle complexe à tenir. Nicole Garcia et Nathalie Baye ont chacune peu de temps de présence et tiennent des rôles secondaires malgré tout mémorables. Et le pivot du film est Patrick Dewaere (dirigé par Blier pour la troisième fois), sensible autant que pathétique, fragile et « dépassé » dans le même temps, dans une composition d’acteur génial. Ses monologues face caméra, tout en jouant du piano, emmènent ce petit bijou de sensibilité sur des chemins tout à fait singuliers. Un des plus beaux opus de son auteur.

ANNEE DE PRODUCTION 1981.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Jamais scabreux malgré son sujet risqué, cette oeuvre de Blier brille par sa retenue et son refus de choquer gratuitement. Fantastique composition de Dewaere dans un de ses ultimes rôles.

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