Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia, en Toscane. Dès son enfance, Benedetta est capable de faire des miracles et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des soeurs, et celle notamment d’une nouvelle arrivée, Betholoméa.
Cinq ans après l’excellent Elle, le sulfureux Paul Verhoeven revient à 82 ans avec cette adaptation d’un roman de Judith Brown sur la vie de la religieuse Benedetta Carlini. Que ses fans se rassurent, il n’a rien perdu de son goût pour la provocation, mélangeant toujours avec délectation sexe et religion, tout en proposant une féroce satire du catholicisme, ou du moins du pouvoir clérical avec tout ce qu’il colporte d’hypocrisies et de faux semblants. Avec à l’appui, un scénario aussi fou que riche, multipliant les rebondissements, dramatisant sûrement (pour les besoins de la fiction) la véritable histoire de cette nonne scandaleuse. La première partie n’est pas la plus réussie, disons qu’elle empile un peu les événements et semble se précipiter pour arriver au coeur de son sujet: à savoir le penchant lesbien de son héroïne, en même temps qu’elle paraît transcendée par Dieu. Les stigmates sur son corps sont elles l’oeuvre du Tout puissant ou est elle une manipulatrice intelligente et blasphématoire? De là, Verhoeven impose sa mise en scène ample et inspirée pour nous plonger dans ce mystère opaque, n’oubliant pas au passage de nous gratifier de séquences jouissives.
Certes, son outrance et son kitsch assumés pourront sembler moins à la mode aujourd’hui, mais le réalisateur de Basic Instinct affiche aussi un humour détonnant, se mariant harmonieusement avec une noirceur réelle. L’autre point fort se situe dans sa direction d’acteurs. Tout le casting est éblouissant et parfaitement à sa place. Charlotte Rampling n’avait pas eu un rôle aussi passionnant depuis son passage chez Ozon, Lambert Wilson est parfait également en Nonce, et la jeune révélation Daphné Patakia se défend brillamment face à la star incontestable, détenant le rôle titre, à savoir Virginie Efira. Décidément épatante dans les registres les plus variés, elle ne cesse d’étonner dans cette partition ambigüe. Combiner avec un tel art l’érotisme et le mystique n’est pas donné à tout le monde. Certainement pas un chef d’oeuvre, Benedetta possède en revanche tout d’un grand film.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.