A la veille de Noel, la plénitude d’une pension de jeunes filles va être bouleversée par un dangereux psychopathe, adepte du harcèlement téléphonique. Une joyeuse bande d’étudiantes, réunies en attendant de pouvoir profiter des vacances, va être confrontée à la folie meurtrière incarnée.
Réalisateur américain méconnu au parcours singulier (il débuta dans le teen movie régressif), auteur d’un superbe film fantastique psychologique Le Mort Vivant, Bob Clark signe ce Black Christmas au mi temps de la décennie 70, devenant d’emblée une des pierres angulaires d’un genre bien connu dans le domaine de l’épouvante: le slasher. En effet, plusieurs années avant Halloween ou la série des Vendredi 13, ce métrage s’impose comme précurseur. On y retrouve une ambiance malsaine, une angoisse sourde, un travail pointu sur le son, et une remarquable aptitude à faire peur avec des riens. Clark s’amuse à traiter de voyeurisme, de harcèlement moral et téléphonique (que l’on verra à l’oeuvre bien plus tard dans Scream notamment), et met en scène des meurtres inventifs sans recourir à trop de gore. Il préfère installer un suspense lancinant, en prenant son temps (le film paraitra lent à la nouvelle génération, gavée à des rythmes souvent ultra rapides), et fait de cette pension de jeunes filles insouciantes le lieu crucial de l’horreur à venir. L’évocation du sexe, de grossesse hors mariage, bref de plaisirs charnels souvent synonymes de châtiment pour les personnages de ces productions pose ainsi les bases de règles qui deviendront incontournables.
Une grande partie du film se déroule en caméra subjective, un procédé très courant aujourd’hui, mais audacieux pour l’époque et qu’il faut saluer de la part de Bob Clark. De même le hors champ permet de suggérer les tueries en cours et ne pas montrer l’assassin, le rendant encore plus flippant. Au casting, quelques têtes bien connues du cinéma US des 70’s comme John Saxon, Olivia Hussey et Margot Kidder, future vedette du terrifiant Amityville. Pilier du genre, Black Christmas aura droit à deux mauvais remakes qui n’auront pas la capacité de créer le même stress, alors que l’original va fêter ses cinquante ans et qu’il reste un modèle indépassable.
ANNEE DE PRODUCTION 1974.