Karine, femme de ménage, partage sa vie entre son travail de nuit avec ses collègues et amies, et Ziggy, son fils de 17 ans. Lorsque l’entreprise qui l’emploie est rachetée, tout bascule pour elle. La pression sociale va la pousser dans ses retranchements et la mettre face à un dilemme: dévoiler un lourd secret ou mentir pour se protéger.
Dans le genre drame social, voici un premier long métrage bien dans l’esprit de ce que le cinéma français aime produire pour dénoncer les existences fracassées ou difficiles de personnes dites « invisibles ». Sylvie Gautier, la jeune réalisatrice, se penche sur le cas de ces femmes de ménage, au conditions de travail pesantes et éreintantes, obligées de subir humiliations et manque de considération de leurs supérieurs. Bien sûr, le sujet n’est ni très glamour, ni très neuf, mais permet de faire la lumière sur un métier encore mal perçu et mal aimé. Les bonnes intentions sur le papier ont par contre plus de mal à se concrétiser à l’écran, faute d’un scénario trop convenu, aux situations répétitives et téléphonées, et surtout à une mise en scène uniquement fonctionnelle. L’originalité du propos se trouve dans le fait que l’héroïne souffre d’illéttrisme et doit mentir à tout le monde pour cacher son « handicap ». Hélas, le point de vue de la cinéaste se borne aux vestiaires et aux échanges verbaux entre ces filles exploitées et ne creuse pas tellement du côté de la condition ouvrière. Le rapport entre la mère et son fils ajoute un plus à l’intrigue, sombrant tout de même souvent dans la sinistrose.
Le point fort revient aux comédiennes, investies et convaincantes, en particulier Céline Sallette, une solide actrice sans statut de « star » mais qui mène son petit parcours de manière intéressante depuis plus de quinze ans maintenant. Sur un thème identique, le récent Ouistreham d’Emmanuel Carrère, sorti en 2022, frappait plus fort et plus juste avec un récit puissant que l’on ne fait que survoler ici. Bien entendu, pour un premier essai de long métrage, l’indulgence nous pousse à en conseiller la vision, en gardant à l’esprit les facilités et les défauts inhérents à des débuts de metteur en scène.
ANNEE DE PRODUCTION 2023.
