Benjamin Siegel, dit Bugsy, est le gangster le plus mégalo et le plus charmeur de la Côte Est, en cette fin des années 30. Il est si fasciné par la célébrité et son miroir aux alouettes qu’il s’installe à Hollywood, où il rencontre une actrice en vogue, Virginia Hill, dont il tombe fou amoureux. Pour elle, il va bâtir un projet fou et gigantesque: la fabrication de l’Hôtel Le Flamingo, en plein désert du Mojave…
Barry Levinson, à qui l’on doit entre autres Rain Man , s’est pris de passion pour le personnage charismatique et ultra controversé de Bugsy Siegel, ce truand dont il raconte l’ascension fulgurante, jusqu’à sa chute tout aussi spectaculaire. La reconstitution est léchée, luxueuse et le budget alloué aux décors et aux costumes se voit sur l’écran. La mise en scène n’évite pas l’académisme et ne prend pas trop de risques. Le film se concentre sur l’acteur principal et rôle titre: à savoir Warren Beatty. Fraîchement sorti de Dick Tracy, il passe ici de l’autre côté de la loi, après avoir joué le détective à l’imper jaune. Il a une belle gueule, a carrément forcé sur les UV et délivre une prestation qui ne fait pas dans la dentelle. Par moments, il est convaincant (surtout quand il reste sobre), mais souvent il fait son show et il manque des nuances dans son jeu. Face à lui, sa compagne à la ville, Annette Bening a une classe folle, et lui tient la dragée haute en femme fatale amoureuse et à la personnalité bien trempée.
Leur histoire d’amour reste le point fort de ce film assez bancal, où l’on ne comprend pas toujours bien les enjeux qui lient les personnages secondaires entre eux. Par contre, la mégalomanie de ce parrain de la Mafia transpire dans les situations les plus diverses du script. Dès l’instant où sa folie des grandeurs l’engage dans la création démente de cet hôtel Casino flamboyant, le film bascule nettement vers une glorification du futur Las Vegas, devenu si mythique et rentable depuis. Sa mort violente à la fin rappelle l’exécution dont il est victime dans Bonnie and Clyde. Levinson a le mérite de faire revivre, sous un mode proche du biopic, un gangster arrogant, pétri d’orgueil, et très violent à ses heures, et l’humanise dans son amour dévorant pour Virginia. Un bon film, à défaut d’être indispensable.
ANNEE DE PRODUCTION 1991