Une cam girl, Alice, payée pour faire des shows érotiques sous le pseudonyme de Lola, semble épanouie dans son activité. Un jour, un sosie pirate son compte, récupère ses nombreux fans, et s’approprie carrément son identité. Alice décide de mener l’enquête seule et de trouver la mystérieuse coupable… Dans le même temps, elle est harcelée par un homme qui a réussi à savoir où elle habite et qui est obsédé par elle…
Cam est une production Blumhouse, spécialisée dans les films d’angoisse et parfois d’épouvante, et réalisé par un nouveau venu, le jeune Daniel Godhaber. Il a écrit son script avec Isa Mazzei, une ex cam girl qui connait bien ce milieu secret et presque jamais exploité au cinéma. Après une séquence d’ouverture remarquablement efficace, le film prend des allures de thriller fantastique, lorsque l’héroïne (une stripteuse connectée qui part à la conquête d’une popularité virtuelle) voit son identité usurpée par un sosie parfait qui imite ses attitudes jusqu’au mimétisme total. Le côté intriguant et déroutant n’empêche pas une certaine critique de l’exploitation aliénante de ces femmes vendant leurs charmes, et finalement victimes des dérives digitales. Alice/Lola est tellement obsédée par son image qu’au fond, ne devient elle pas folle? S’agit il réellement d’un piratage informatique? Les questions s’enchaînent, mais Godhaber se garde bien d’apporter des réponses claires ou rassurantes. C’est sûrement en cela que Cam est déstabilisant…
On peut reprocher au scénario des facilités et d’être inutilement tordu, d’autant qu’il accuse par instants des baisses de rythme, pourtant il a le mérite d’être original et bien dans l’air du temps. Finalement, là où le film est le moins crédible, c’est quand il tente d’être rationnel. L’étrangeté qui s’en dégage nous met en présence d’une forme de schizophrénie et d’une analyse intelligente sur l’addiction provoquée par cet écran, qui somme toute, est l’univers central de cette jeune fille. L’actrice Madeline Brewer, surtout connue pour des séries comme Orange Is the New Black, fait une composition intéressante et convaincante, qui ne joue pas sur sa seule plastique. Si la conclusion ressemble un peu à un tour de passe passe, ce premier long métrage mérite d’être découvert pour sa singularité.
ANNEE DE PRODUCTION 2018.