Camille Claudel est une femme sculptrice française (1864/1943). Son art à la fois réaliste et expressionniste s apparente à l Art Nouveau par une savante et brillante utilisation des courbes et des méandres. Elle fut l’illustre éléve d Auguste Rodin, autre grand maitre de la sculpture de la fin du 19e siècle, avant de devenir aussi sa muse et sa maîtresse. Ce projet de cinéma autour de sa vie est né vers 1987 , après la parution d une biographie d Anne Delbée « Une femme » qui va connaitre un grand succès, puis par l intêret qu elle suscita chez Isabelle Adjani, désireuse de jouer Camille à l’écran. Elle choisit pour réalisateur l’ancien chef opérateur Bruno Nuytten afin de mettre en scène cette histoire magnifique. Il s agit donc d un biopic dramatique sur le destin de Camille, allant de ses jeunes années d apprentissage de son Art jusqu à son internement en asile d aliènés , en passant par sa rencontre avec Rodin et leurs amours tumultueuses. Ce qui frappe d ’emblée c’est l’extrême soin apporté à la photo et aux décors dans cette superproduction coûteuse produite par Christian Fechner. Le film oscille entre les ombres ténébreuses de la Création et la lumière émanant de l âme de ces deux artistes de génie. La musique signée Gabriel Yared est superbement romanesque, intense et apporte un réel effet dramatique dans des séquences époustouflantes d émotion ( les retrouvailles enflammées entre les deux protagonistes très épris, leur dispute anthologique concernant leurs points de vue divergents sur leur travail, et puis la lente descente de Camille dans les profondeurs de la folie et la paranoia).
Bien entendu, au delà de la mise en scène et de la forme intrinsèque du film, ce qui frappe est l interprétation absolument inouie d Isabelle Adjani qui s’est jetté corps et âme dans ce rôle passionnant et passionné. Elle fait plus qu incarner Camille, elle EST tout simplement la grande artiste qui revit sous nos yeux, après un si funeste destin. Face à elle, Gérard Depardieu endosse le personnage de Rodin avec une aisance et un talent qui lui est propre, et ce sans jamais écraser la performance de sa partenaire. Ils se complètent et donnent chair à ce couple à la fois destructeur, créateur, et maudit. Les seconds rôles aussi sont de qualité, de Alain Cuny qui joue le père de Camille, à Laurent Grévill en Paul Claudel à la fois admiratif de sa soeur et jaloux de la relation qu’elle entretiendra avec Rodin.
Ce grand et beau film fera le tour du monde, obtiendra presque 3 millions d ‘entrées en France, et recevra 5 Césars dont celui de la Meilleure Actrice pour Adjani qui trouva là sans nul doute le rôle le plus emblématique de sa carrière. Il permit aussi de réhabiliter le talent et la mémoire d ‘une artiste incomprise en son temps et dont le génie oublié fut sûrement autant un don qu une malédiction.
ANNEE DE PRODUCTION 1988
Ce film a en effet marqué le cinéma français et la carrière d’Isabelle Adjani! Les deux rôles titres sont extrêmement forts , il fallait un Depardieu pour donner la réplique à cette grande actrice très sélective dans le choix de ses rôles et qui nous émerveille chaque fois par la puissance de son jeu et l’émotion qu’elle suscite. Un grand film pour rendre un hommage plus que mérité à cette sculptrice si talentueuse que fut Camille Claudel