AccueilCritiquesDrameCAMILLE CLAUDEL 1915

CAMILLE CLAUDEL 1915

Camille Claudel, sculptrice et élève de Rodin, a fini par tout perdre et ruiné sa réputation en basculant dans un délire de persécution, devenant une vraie maladie mentale. Elle est internée à la demande de sa mère et de son frère Paul dans l’asile de Ville Evrard en 1913. Deux ans plus tard, à cause de la guerre, elle est déplacée près de Montfavet dans une autre institution psychiatrique, attendant toujours de pouvoir retrouver la liberté…

Vingt cinq ans après le biopic fulgurant monté par Isabelle Adjani sous la houlette de Bruno Nuytten sur la vie de cette artiste hyper douée et maudite au destin tragique, c’est le réalisateur de La Vie de Jésus, Bruno Dumont, de s’intéresser à la vie de Camille dans sa réclusion physique et mentale. Camille Claudel 1915 commence donc en fait là où l’autre film s’achevait et s’attache à décrire l’internement, les privations, les journées scandées par le vide. Dumont a une approche radicale et rugueuse, rappelant les méthodes de Bresson, tournant dans un vrai asile d’aliénés avec des malades mentaux « authentiques », ne nous épargnant pas les cris, les accès de colère, les imprévisibles réactions de pensionnaires filmés sur le vif. Et en son centre, Camille, perdue, esseulée, hagarde, toujours prise de délires paranoïaques et parfois d’une lucidité douloureuse sur sa condition. Presque pas de scénario pour ainsi dire, Dumont fonctionne à l’instinct et capte des moments de vérité, quitte à plomber son film de longueurs parfois pénibles. Sa réalisation, d’un dépouillement extrême, met l’accent sur le soleil hivernal, les murs clos de l’institution, les habits sombres des religieuses, et bien entendu sur la souffrance quotidienne de l’enfermement. Dans une immobilité constante, la caméra ne se concentre que sur les va et viens sans but de ces êtres en perte de repères et sur les visages souvent pris en gros plans.

La contribution de Juliette Binoche dans le rôle titre est totale: son travail prodigieux se lit dans ses traits défaits, à nu, ses crises de larmes incontrôlées, ses appels au secours du regard. Bruno Dumont en fait une figure sacrifiée sublime, actrice professionnelle au milieu de tous les autres, non initiés. Images sèches, pas la moindre note de lyrisme, pas non plus de pathos lorsque Camille retrouve son frère pour une brève visite (dans laquelle on mesure combien il n’est déjà plus concerné par son sort que de loin). Pour la composition de Binoche, le film est une expérience, aussi éprouvante soit elle, à traverser… sans doute peut on déplorer que la comédienne ne cannibalise un ensemble par trop austère.

ANNEE DE PRODUCTION 2013.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Parti pris de montrer la folie telle quelle, Dumont reste fidèle à son cinéma exigeant et froid. Proche de Bresson, son film doit tout à Juliette Binoche, grandiose (même si elle avale tout le reste).

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