Carrie White est une adolescente torturée, seule, dont tout le lycée se moque et qui découvre un jour qu’elle possède des dons de télékinésie. Entre les brimades des autres filles et garçons de son âge et la « folie » psychotique de sa mère, bigote extrêmiste, Carrie ne parvient pas à s’épanouir. Jusqu’au soir où elle participe au bal de promo, accompagnée d’un charmant jeune homme, et où les choses vont basculer définitivement…
Après avoir expérimenté ses nombreux hommages à Hitchcock avec Soeurs de Sang et Obsession et mis le rock à l’honneur avec Phantom of the Paradise, le cinéaste Brian de Palma, parangon du nouvel Hollywood, se dirigea vers le fantastique en adaptant un des plus fameux ouvrages de Stephen King, Carrie au bal du diable. Il y mélange plusieurs genres et les mixe avec une habileté déconcertante: un peu de mélodrame d’horreur, du gothique familial, une bonne pincée de films pour adolescents et enfin une véritable oeuvre fantastique sur le surnaturel et notamment la télékinésie, pouvoir que détient l’héroïne et qui va lui permettre de passer de victime perpétuelle à Reine de la Mort. L’oppression que subit Carrie entre sa mère bigote et ses « camarades » de classe va monter en puissance et les rêves de revanche de la jeune fille vont devenir réalité. De Palma se démarque d’un auteur basique de film d’épouvante par sa mise en scène construite avec à la fois des gros plans, des travellings, du split screen (partage d’écrans en deux) et surtout des ralentis dont il se sert ici avec ingéniosité. Ils ne sont pas juste là pour faire « exercice de style ». Carrie a une structure circulaire: le prologue démarre par du sang, l’épilogue ne sera ensuite qu’un bain de sang de nouveau, comme une boucle qui se referme sur elle même, après 1H30 d’un récit ramassé et sans fioritures.
Toute la préparation en amont du bal de promo, appelé à devenir le climax du film, annonce le basculement dans l’horreur avec plus ou moins de subtilité, mais De Palma ne cherche pas tellement à créer du suspense, le but est d’effrayer au bout du compte. La jeune Sissy Spacek, devenue star grâce à ce rôle emblématique, se révèle stupéfiante dans son changement de faciès, modulant son apparence, son regard et passant d’ado brimée à vengeresse impitoyable. Sa co vedette, Piper Laurie, joue la mère obsédée par Jésus et par le pêché avec une terrifiante précision. En second rôle, on retrouve Nancy Allen et John Travolta (avant Grease) incarnant un couple machiavélique et De Palma les refera tourner ensemble dans le très bon Blow Out. Carrie vieillit plutôt bien et tient fièrement sa place au panthéon des classiques du cinéma fantastique.
ANNEE DE PRODUCTION 1976.