Paris au début du XXe siècle. Léa de Fonval voit arriver la fin de sa carrière de demi mondaine à grands pas, et prend pour amant Fred, dix neuf ans, qui n’est autre que le fils d’une de ses anciennes rivales. Elle l’entretient, leur relation dure quelques années, jusqu’au jour où le jeune homme est promis à devenir l’époux d’une fille de son âge…La séparation va mettre à jour leurs vrais sentiments.
Le cinéaste anglais Stephen Frears s’empare d’une nouvelle de la romancière Colette pour en faire une libre adaptation. Le Paris de la Belle Epoque est bien rendu avec ses magnifiques costumes, ses décors d’immeubles et de bâtiments Art Déco, ses jardins fleuris: tout est raffiné, soigné à l’extrême, il s’agit de montrer une esthétique éclatante sur l’écran, et la photographie signée Darius Khondji (Seven, Evita) n’est pas étrangère à cette réussite. Bien sûr, le but de Frears est surtout d’aller au delà de ces apparences de beauté pour creuser les âmes de ces personnages. L’argent mène la danse et cette société semble gangrener par les questions financières, au point d’en oublier le moindre sentiment. De ce point de vue, c’est un film cruel et sombre sur un monde à la fois fascinant et repoussant. Christopher Hampton est l’auteur de l’adaptation et des dialogues, il parvient à donner de la tenue à une histoire graveleuse: au delà de leurs différence d’âge, Léa et Chéri ont surtout un lien quasi incestueux, du fait que la courtisane a connu le jeune homme enfant!
Vingt ans après Les liaisons dangereuses, Frears dirige à nouveau Michelle Pfeiffer dans le rôle délicat de cette grande courtisane, voyant arriver le crépuscule de sa beauté et de son pouvoir de séduction. L’actrice américaine est parfaite, superbement filmée et respire une cinquantaine épanouie. Elle n’est jamais plus belle que quand elle prend conscience qu’elle a été dépassée par ses sentiments et que l’amour qu’elle éprouve pour son jeune amant est bien réel. Il y a aussi Kathy Bates, toujours impeccable. L’élégance et le romantisme de la dernière demi heure apporte une touche d’amertume, venant temporiser toute l’ironie de la première partie. Chéri ne compte pas parmi les oeuvres majeures de Stephen Frears, mais il offre un divertissement très correct et finement réalisé.
ANNEE DE PRODUCTION 2009