Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père, ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti d’extrême droite vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales. Un peu naïve, la jeune femme se laisse embarquer…
Lucas Belvaux, le réalisateur de Un couple épatant cavale après la vie, tente avec ce film un pamphlet anti FN, courageux, pertinent et nous fait rentrer dans les arcanes d’un système politique pernicieux, essayant de se racheter une respectabilité. On assiste d’abord à la manipulation du recrutement de l’héroïne (jeune, jolie, prête à s’engager pour les autres, mais engluée dans sa naïveté), puis à son endoctrinement progressif par un parti qui s’affiche moins « agressif » et moins radical que le vrai FN, on s’apercevra, derrière le simple changement de nom, que ce n’est qu’un leurre. Comme à son habitude, Belvaux mêle la fiction à une réalité sociale, ancrée dans le Nord, et la plus grande réussite de son récit réside dans sa capacité à montrer un populisme en apparence « light », et qui pourtant gronde, en récupérant au passage des êtres exclus désireux de se raccrocher à n’importe quelle chimère. Le propos est utile, fait réfléchir et pose question, c’est bien là que le cinéma impose sa nécessité. En terme de mise en scène, malgré quelques séquences inégales, le cinéaste arrive à trouver un équilibre entre les nuances à apporter à un tel sujet et le surlignage pour frapper les esprits.
En effet, le film n’est jamais meilleur que lorsqu’il dénonce le système avec subtilité et sans insistance, mais dès que le scénario rentre davantage dans l’intime de ses personnages (l’histoire d’amour n’est pas aussi bien vue, et surtout a moins de profondeur), quelques faiblesses se font jour. Comme si le romanesque convenait moins bien au style de Belvaux. Par contre, pour sa direction d’acteurs, c’est un sans faute: il dirige précisément Emilie Dequenne, une nouvelle fois excellente en infirmière crédule, André Dussollier rarement vu dans des rôles antipathiques et dont le talent n’est plus à discuter, et également une étonnante Catherine Jacob, en clone d’une certaine Marine (dans la blondeur mais surtout dans les attitudes et le phrasé). Un film à thèse didactique, mais dont on peut saluer l’audace.
ANNEE DE PRODUCTION 2017.