Sofiane, étudiant en école de commerce sur Lyon, revient dans son quartier à Marseille. Sa famille vit dans une cité défavorisée. Très vite, son petit frère Slim est abattu par des caids, sûrement suite à une trouble affaire de drogue. Il entreprend de retrouver les responsables avec l’aide de Reda et Marteau, deux jeunes craints dans le coin, et qui ont des informations importantes concernant les faits. Mais Sofiane va rapidement se trouver au milieu d’une nébuleuse de violence, faite de trafics et surtout de règlements de comptes, où chacun dicte sa propre loi…
Repéré pour deux longs métrages coup de poing entre 1995 et 1998, le réalisateur Karim Dridi avait gagné ses galons de cinéaste, féru de réalisme, avec Pigalle et Bye Bye. Il opère un come back canon avec ce polar urbain, situé en plein coeur d’une cité chaude marseillaise. Il y filme ses habitants avec force, et toujours avec cet aspect très réaliste, qui prend la forme d’un documentaire social. A travers son héros, Sofiane, Dridi parle aussi de tous ces jeunes catapultés dans une vie dont ils ne maitrisent plus les enjeux réels, et sombrent dans l’engrenage infernal de la violence. Celle ci est montrée de façon frontale, la loi et les méthodes de ces caïds, extrêmement brutales, sont dépeintes sans faux semblants. Le script déroule les séquences sans temps mort, au départ il s’agit juste de petits trafics de drogue qui se transforment en chasse à l’homme, et en croisade de vengeance radicale.
L’interprétation, constituée d’acteurs confirmés et d’autres non professionnels, fonctionne à la perfection, ajoutant une touche de vérité indéniable dans les différents rapports entre les personnages. Dans le rôle principal, assez ambigu et complexe à tenir, le jeune Sofian Khammes se démarque nettement (on l’a depuis revu dans Le monde est à toi), mais en face de lui, Foued Nabba, alias « Kofs » le fameux rappeur, un molosse de 130 kilos fait également montre d’une incroyable présence et d’un jeu très naturel, sûrement en lien avec ce qu’il a lui même vécu ou connu dans sa propre vie. Chouf signifie Regarde en arabe, et bien nous ne pouvons que vous conseiller de scruter de près ce long métrage tendu et nerveux. Son final nihiliste prend même des airs de tragédie grecque.
ANNEE DE PRODUCTION 2016.