En 1948, Dave Hirsh, un écrivain vétéran de l’armée revient dans sa petite ville natale, au bras d’une prostituée, Ginny. Mais tout cela n’est pas du goût de son frère, Franck, notable local. Dave se lie en plus d’amitié avec Bama, un joueur professionnel, ivre pour l’éternité.
Un des plus grands auteurs de la comédie musicale américaine (Un Américain à Paris, Le Chant du Missouri, Tous en scène), Vicente Minnelli, savait également mettre tout son Art dans le drame, les passions exacerbées et les histoires d’amour tragiques. La preuve éclatante avec ce très émouvant mélodrame mettant en scène trois épaves humaines, des personnages tristes et amers qui se croisent, se jaugent et se déchirent dans un récit à tiroirs, n’excluant pas ici ou là des éléments de comédie, mais sur un ton souvent désenchanté et cruel. Grâce aux qualités profondes de la réalisation, inspirée et flamboyante dans son genre, Comme un Torrent se hisse assez haut dans la filmographie de Minnelli avec ses prises de vues superbes, son Technicolor marqué, son aptitude à raconter plusieurs petites intrigues et finir par les réunir harmonieusement, sur une durée certes un peu excessive (2H15). Les hommes sont décrits comme des individualistes acharnés, consommant l’alcool et les femmes de façon quasi compulsive, et sont incapables de reconnaitre le véritable amour quand il est pourtant à leur portée. En ce sens, Ginny la fille de « mauvaise vie », semble la plus limpide, la plus honnête et la plus touchante de tous. Sans que l’on s’en rende compte tout de suite, c’est elle qui va apporter au film toute sa densité émotionnelle.
Le trio de stars composant le casting brille aussi par leur jeu particulièrement efficace: Franck Sinatra en écrivain « raté », revenu de tout, confirme ses dons de comédiens après sa révélation de Tant qu’il y aura des hommes, Dean Martin, saoul comme une barrique tout du long, affiche une masculinité imposante, presque caricaturale en joueur de poker et sa manie de garder son chapeau vissé sur la tête en toutes circonstances rend son personnage humoristique. Et enfin, le cadeau du film s’incarne en Shirley Mac Laine, épatante en pute au grand coeur et révèle une nature instinctive irrésistible. La musique d’Elmer Bernstein, inoubliable partition bouleversante, ainsi qu’un final poignant ferait craquer les coeurs les plus endurcis. Du cinéma américain de haute tenue.
ANNEE DE PRODUCTION 1958.