A Sam Dent, une petite ville canadienne, une quinzaine d’enfants ont trouvé la mort au cours d’un accident de bus scolaire, après une étrange sortie de route. Un avocat, Mitchell Stevens, débarque peu de temps après et tente de convaincre les parents des victimes de porter plainte pour négligence. Dans une ambiance de doute et de méfiance, une adolescente survivante de l’accident, Nicole, parviendra à reconquérir sa dignité et à préserver l’unité de la communauté…
D’origine canadienne, Atom Egoyam s’est fait connaitre en tant que réalisateur surtout pour Exotica, en 1994, après plusieurs oeuvres restées assez confidentielles. Trois ans plus tard, il adapte un très beau roman de Russel Banks et peut y instiller son style empreint de délicatesse planante, de douceur mêlée de rudesse, autour d’un sujet très sombre: la tragédie provoquée par un accident, ayant causé la mort d’enfants innocents. Egoyam collecte les moments de vie dans un récit à la narration complexe, où il dessine l’avant et l’après du drame foudroyant, qui a figé ces familles dans un deuil impossible. Le personnage de l’avocat intervient là comme pour les réveiller dans leur douleur et leur donner un « sens » à cette perte irréparable. Grâce à une mise en scène sobre qui sait parfaitement où elle va, le film se révèle moins une enquête autour du mystère entourant l’accident qu’une réflexion métaphysique sur la guérison des êtres meurtris. Chacun est d’ailleurs scruté avec minutie, chaque témoignage éclaire l’indicible, tandis que le scénario essaie au maximum d’épurer le larmoyant inhérent au mélo redouté. Par des prises de vues maitrisées, une ambiance ouatée et des dialogues (parfois un peu trop « écrits »), De Beaux Lendemains déroule une incontestable aptitude à émouvoir.
Pas de stars majuscules au casting, mais des acteurs solides comme Bruce Greenwood et surtout Ian Holm, livrant là une composition marquante, en incarnant un avocat pourchassé par ses propres démons. Dans un rôle plus secondaire mais essentiel à l’intrigue, la toute jeune Sarah Polley, incroyable d’intensité, et que l’on pourra revoir dans le sublime Ma Vie sans moi, quelques années plus tard. Triste et déprimant, ce film reste un des plus aboutis de son auteur et on ne peut que conseiller de le voir -de préférence- un jour de grand moral. A Cannes, l’opus fut couronné d’un Grand Prix du Jury.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.