Deux amis inséparables, George et Lennie, se retrouvent contraints de chercher du travail de ranch en ranch en tant qu’ouvriers agricoles, pendant la Grande Dépression suivant le krasch de 1929. Ils ont souvent des problèmes pour garder un job, à cause de Lennie, attardé mental, jusqu’au jour où ils arrivent à garder une place dans le ranch de Tyler. Le fils du patron est cruel envers eux et leu mène la vie dure. La femme de ce dernier, très jolie et désoeuvrée, essaye d’attirer l’attention sur elle…
Des Souris et des Hommes fut à l’origine un très beau roman de l’auteur américain John Steinbeck, adapté une première fois par Lewis Milestone, avant de devenir ce remake signé de l’acteur réalisateur Gary Sinise. L’action se situe dans l’Amérique des années misérables, suite à la crise boursiere, lorsque le chômage était devenu endémique et avait provoqué une vague de suicides et de faillites sans précédent dans le pays. Peinture amère de la condition de vie difficile de ses travailleurs itinérants échoués sur les routes de Californie pour dégoter de menus travaux, le récit se concentre surtout sur l’amitié entre deux hommes: l’un posé, futé et réfléchi et l’autre physiquement fort « comme un boeuf » mais hélas attardé mental. Ils luttent ensemble contre l’adversité, dans l’espoir d’une vie meilleure et d’un endroit où poser leurs valises pour passer leurs vieux jours. Steinbeck décrivait l’échec des humbles, trop petits pour se mesurer au Rêve Américain et se voient écrabouillés comme des souris entre les mains puissantes de Lennie. Sinise, dont c’est le second long métrage, délivre une mise en scène ultra classique, aux belles images d’époque, mais son ambition de réalisateur s’arrête à cette limite: illustrer sans donner véritablement de personnalité à son oeuvre. Ce drame rural se laisse suivre même s’il n’approfondit pas tellement la psychologie de ses personnages.
En revanche, le film est tiré par le haut grâce au jeu, une nouvelle fois impressionnant, de John Malkovich incarnant Lennie, l’homme à l’âge mental d’un enfant. Il y est extraordinairement touchant. L’innocence de cet homme face aux dures réalités de l’existence qu’il mène serre le coeur, en particulier dans l’épilogue poignant. A l’instar des Raisins de la Colère, Des Souris et des Hommes tend à montrer la solitude de ces travailleurs saisonniers, leur humanité et les forces négatives de leur destinée. A voir avant tout pour la composition des acteurs.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.