Dick Tracy , célébre détective à l’imper jaune, se trouve confronté à un complot fomenté par les hommes de main d’un certain Big Boy Caprice, faisant régner la terreur dans la ville. Désirant rétablir la loi et faire justice, Tracy enquête au sein même du cabaret dans lequel le truand planque des preuves de ses agissements criminels. Il rencontre là une chanteuse très belle, Breathless Mahoney, qui va vite tomber amoureuse de lui et lui proposer de l’aider…
Huit ans que Warren Beatty n’avait pas remis les pieds derrière la caméra quand il décida de plancher sur ce projet d’adaptation de la fameuse BD « Dick Tracy » , crée par Chester Gould dans les années 30. Il avait en tête le but de mêler à la fois le divertissement pur et simple destiné aux ados fans de comics et un film policier dans la tradition des thrillers à l’américaine, avec gangsters et flics opposés. On peut sans conteste affirmer que le résultat est à la hauteur de son ambition. En donnant à ses images ce côté BD avec des couleurs criardes et très soignées et en injectant une photographie (souvent nocturne) tout à fait remarquable, il réussit un coup de force d’abord esthétique. Sans oublier d’inclure de l’action, des bagarres, des fusillades, et de l ‘humour quand il en faut. Le climat fantasmagorique se dégageant de cette oeuvre la rend vraiment originale.
Beatty s’est entouré d’un chef opérateur du tonnerre Vittorio Storaro, un des plus grands, pour donner vie à l’univers de Gould, sans le trahir. Puis, il a fait appel à de grands noms pour jouer les petits rôles de truands aux trognes vicelardes et croulant sous des maquillages inquiétants: Al Pacino s’en donne à coeur joie en méchant absolu, Dustin Hoffman interprète un marmoneux irritant et drôle à la fois, ou James Caan en parrain silencieux dont on lit la dangerosité dans son regard. Et surtout il a confié le beau rôle de la chanteuse sexy en diable à sa compagne du moment, Madonna, qui trouve là un personnage magnifique à défendre. Elle est frémissante, attachante et bouleversante quand elle crie son amour à Tracy, obsédé par son enquête. Pour ceux qui en doutaient encore, elle prouve qu’elle est une excellente actrice, lorsqu’elle est bien dirigée. Enfin, Beatty s’est octroyé le rôle principal , n’étant jamais mieux servi que par soi même, et il faut avouer qu’il a une sacrée classe dans son imper. Ajoutez à cela une BO jazzy signée Stephen Sondheim et vous obtenez un des films américains les plus séduisants des années 90.
ANNEE DE PRODUCTION 1990.