Il y a 20 ans, on a séparé Vera de son fils Egoz à la naissance. Depuis, elle le recherche sans relâche, mais son « dossier » a disparu comme par magie des archives de l’administration espagnole. C’est Cora qui a adopté Egoz. Aujourd’hui, le destin va réunir les deux mères et leur fils…
Sur le principe d’un thriller cachant en fait un vrai drame humain, ce premier film de l’espagnol Victor Iriarte traite d’un sujet hautement sensible: le trafic de bébés volés à leur naissance. Une oeuvre de débutant qui ne choisit toutefois pas la facilité en optant pour un traitement aride (avec une économie de dialogues et surtout l’utilisation de voix off constantes « guidant » l’action). Un dispositif des plus déconcertants dans lequel il faut parvenir à rentrer si l’on souhaite suivre ce jeu de pistes dessinant le thème principal: l’amour maternel sans limites. Iriarte donne peu d’informations « claires » sur les enjeux de son récit: retrouver le fils volé est une option compréhensible bien sûr, mais au delà de ça, la suite semble plus nébuleuse. Dos Madres a l’intelligence de montrer deux points de vue féminins: celui de la mère biologique et celui de la mère adoptive et questionne ainsi les liens du sang face à ceux du coeur. Iriarte se distingue nettement de ses collègues ibériques en usant d’une mise en scène complexe, comme s’il voulait à tout prix que l’on ne soulève que cet aspect du film. S’inspirant d’un scandale d’Etat ayant plongé des centaines de familles dans la détresse pendant et après le régime franquiste, Dos Madres ne s’enferme pas dans la stricte évocation linéaire des faits, pour mieux explorer la face psychologique, avec le combat d’une mère pour récupérer ce qui lui a été volé.
Tenu jusqu’à son terme par les deux actrices fort talentueuses que sont Lola Duenas (Volver, Alléluia) et Ana Torrent (découverte par Carlos Saura qui la dirige petite dans le mythique Cria Cuervos), le film leur doit énormément pour faire naitre une émotion palpable que le scénario tortueux a parfois du mal à laisser s’échapper. En tout état de cause, pour un premier long métrage, Iriarte peut se vanter d’intriguer et d’intéresser avec une manière de raconter une histoire tout à fait particulière et l’on ne peut qu’attendre avec curiosité ses futurs travaux filmiques.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.