Représentant en informatique, David Mann est mystérieusement pris pour cible par un poids lourd terrifiant sur une longue route américaine. Il s’engage alors dans une lutte désespérée pour survivre…
Bien avant de filmer des dinosaures, un gentil extra terrestre, un aventurier beau gosse et un requin mangeur d’hommes, Steven Spielberg avait débuté sa carrière à la télévision, où il signa ce Duel, tout d’abord destiné au petit écran. Le film fit tellement d’audience qu’il devint en fait son premier long métrage officiel. Entretenant un suspense constant sur sa durée modeste d’1H25, cet opus met en scène un impressionnant 40 tonnes, menaçant, monstrueux et devenant totalement incontrôlable, sans raison apparente. Prenant en chasse un citoyen américain sans histoires (juste parce que celui ci a eu le tort de le doubler au volant de sa voiture), le camion fou devient l’élément angoissant par excellence. Ecrit par l’auteur Richard Matheson, spécialiste du fantastique, Duel se distingue par sa faculté à faire peur en suggérant, ne montrant jamais le chauffeur du bolide, comme si le danger venait de nulle part, et cette idée rappelle tout à fait l’irrationnel à l’oeuvre dans la série de La Quatrième Dimension. Spielberg fait preuve d’une maitrise technique très pointue pour un cinéaste débutant, sachant ménager la tension, filmer une poursuite haletante sur une route en ligne droite du désert de Mojave et garder le spectateur en haleine. Grâce à la voix off du personnage principal, on ressent en même temps que lui d’abord son incrédulité, puis son angoisse, et enfin sa rage de sauver sa peau.
Qu’importe que Spielberg n’ai pas pris de star pour jouer ce héros harcelé? L’acteur Dennis Weaver, au physique passe partout, permet ainsi une identification plus aisée, renforçant l’aspect réaliste de cette attaque sur roues anxiogène au possible. Si le thème du combat entre l’homme et la machine parait le plus clairvoyant, il faut surtout souligner combien Spielberg a essentiellement voulu réaliser une oeuvre frappante par son caractère insolite, son étrangeté et sans pour autant y apporter de résolution rationnelle. Après ce coup d’essai en tout cas, Hollywood lui a offert toute la latitude de s’exprimer « en grand » avec des budgets beaucoup plus confortables.
ANNEE DE PRODUCTION 1971.
