Val, homme solitaire et dangereux, commet un hold up sanglant dans lequel il abat ses complices et les pauvres occupants de la banque. Il prend la fuite avec une grosse somme d’argent, repère ensuite un couple, Pierre et Christine, qui vient de se rencontrer le jour d’avant. Il les prend en otage dans une chambre d’hôtel, pendant que la police met tout en oeuvre pour le mettre hors d’état de nuire…
Trois ans après La Dérobade, le film sans concessions qu’il réalisa sur le milieu de la prostitution, l’acteur metteur en scène Daniel Duval entreprend d’adapter un roman de Série Noire signé Francis Ryck. Racontant la cavale infernale d’un paumé fou dangereux à la gâchette facile, le film se présente dès son prologue (et son hold up radical) comme un policier de facture classique, pour ne pas dire convenu, avant de dériver plutôt vers un drame psychologique. Duval se penche sur le cas de cet homme seul à crever, probablement impuissant et passablement dérangé, prenant en otage un couple amoureux qu’il envie certainement, sans but précis, les entrainant dans son errance insensée. La réalisation, hésitante entre deux genres, accuse des faiblesses et une certaine platitude dans son exécution. Ne lésinant pas sur la violence, Duval ne craint pas d’accumuler les morts gratuites, afin de montrer un personnage totalement hors de contrôle et surtout imprévisible. Ce type de polar français courait abondamment les écrans dans cette décennie 80 et bien souvent, sans provoquer d’enthousiasme délirant. Effraction ne fit pas exception à la règle. Et c’est dommage, au moins pour une excellente raison: Jacques Villeret!
En effet, l’acteur rondelet habitué aux rôles comiques et légers, compose ici un contre emploi fascinant et lui dessine une épaisseur réelle. Il fait de ce tueur inquiétant un être perdu et presque pitoyable, sans pour autant que l’on ne déborde de compassion pour lui. Ses partenaires, du coup, semblent beaucoup moins intéressants: Bruno Cremer subit son état d’otage sans véritable rebellion et Marlène Jobert, ravissante, apparait un peu éteinte en victime peu loquace. Dans sa conclusion, le rythme baisse en intensité jusqu’à un final sans surprises, rappelant (un peu) Bonnie and Clyde… sauf que Duval n’a pas le quart de l’envergure d’Arthur Penn.
ANNEE DE PRODUCTION 1983.