Julio Blanco est le propriétaire charismatique d’une entreprise fabriquant des balances industrielles dans une ville de province en Espagne. Ses employés et lui attendent la visite imminente d’un comité qui décidera de l’obtention d’un prix local d’excellence. Tout se doit d’être parfait, mais le sort semble s’acharner sur Blanco…
Quatre ans après son biopic remarqué sur le baron de la drogue Escobar, l’espagnol Fernando Léon De Aranoa nous revient avec cette satire moderne du monde du travail, mâtinée de comédie sociale grinçante. Le cinéaste dresse un portrait sans concessions sur un chef d’entreprise autoritaire et paternaliste, sous ses apparences bienveillantes, et pour lui tous les coups sont permis du moment que sa boite tourne exactement comme il le désire. Le scénario s’amuse bien sûr à inventer des situations allant à l’encontre de cet ordre préétabli: un ex employé viré proteste bruyamment et campe devant l’usine, un contremaitre met en danger la production parce que sa femme le trompe, une stagiaire un peu trop belle débarque et joue de ses charmes, bref ce patron sûr de lui et sans scrupules va devoir se démener pour rendre tout ça parfaitement normal, afin d’obtenir un Prix récompensant le bon fonctionnement de son entreprise. De Aranoa montre tout le cynisme et la manipulation dont est capable ce personnage odieux, tout en expliquant que selon lui, il agit dans le seul but de donner le meilleur à son équipe: en réalité, il n’est qu’égocentrique et indifférent à ce qui l’entoure.
Ce regard corrosif sur les relations « humaines » au sein de la profession s’accompagne d’humour, parfois noir, parfois caustique, et se place toujours au niveau de son « héros » principal campé avec virtuosité par Javier Bardem, retrouvant là son metteur en scène d’Escobar. L’acteur espagnol se régale à distiller toute la subtilité de son hypocrisie, sans foi ni loi, si ce n’est la sienne! Autour de lui, des seconds rôles de qualité, notamment la jeune et jolie Almudena Amor, ou Manolo Solo que l’on avait découvert avec Le Labyrinthe de Pan. La bonne santé du cinéma espagnol, en dehors du phénomène Almodovar, se confirme à nouveau et El Buen Patron a même obtenu 6 Goyas dont celui du Meilleur Acteur, Film et Réalisateur. Pas mal du tout!
ANNEE DE PRODUCTION 2022.