Sophie, jeune femme brune aux cheveux longs, est accoudée à un comptoir de bar. Deux militaires l’accostent et commencent à la draguer gentiment. Elle ne s’en laisse pas conter et les rabroue, leur montrant qu’elle n’est pas du genre à se laisser emmerder. Elle est de retour en ville, après deux ans d’absence, et vient retrouver l’homme qu’elle a aimé et quitté parce qu’ils vivaient une relation autodestructrice et en quelques instants, rebelotte! Ils se remettent ensemble, mais Sophie ne tient pas en place…
Après quelques courts métrages, Michel Spinosa, passe au format long et signe ce premier opus, situé dans le Paris des années 90, et bien dans l’esprit de notre cinéma d’auteur hexagonal. Oscillant entre le drame sombre et le portrait d’une femme toxique et destructurée, le film suit un trajet chaotique, semblant s’écrire au fur et à mesure de séquences souvent hasardeuses. En effet, le récit se perd pas mal dans une narration languissante occasionnant même un ennui irrépressible et nous questionnant sur les enjeux de cette histoire bien étrange. Quel est le but de cette anti héroïne? Retrouver l’homme qu’elle a largué, renouer avec lui et reproduire le même schéma destructeur qui va les mener encore vers une nouvelle séparation? Grande gueule, instable, rebelle, Sophie semble incapable d’aimer sereinement et en tout cas de construire quelque chose de tenable. Spinosa la traque avec sa caméra, desespérement en quête de réponses chez elle, mais la jeune femme demeure une énigme. Pour lui et pour le spectateur! Par moments, une violence inattendue surgit (soit dans les rapports entre les personnages, soit dans le comportement borderline -alcoolique, hystérique- de Sophie), ce qui réveille quelque peu l’intrigue.
Si le film maintient malgré tout notre attention, c’est certainement en priorité par la présence de Karin Viard, alors à ses débuts et dans un de ses premiers rôles en tête d’affiche. Elle tient avec excellence ce personnage antipathique, profondément négatif et parvient à la rendre en tout cas très humaine. Ses partenaires n’ont pas le même talent hélas (Antoine Basler faiblard) et ça n’arrange pas l’ensemble de ce métrage austère auquel on peut rester hermétique. On aurait surtout aimé être emmené bien plus loin…
ANNEE DE PRODUCTION 1994.