Cécile Maudet est une jeune fille sans argent, cumulant les galères. Un jour, à l’aide d’une copine, elle tente un braquage foireux dans une bijouterie et finit par blesser le propriétaire du magasin. Avant d’être interpellée par la police, elle prend contact avec Michel Farnese, un avocat haut placé, marié et à la vie rangée, dont elle a obtenu les coordonnées à la suite d’un vol de portefeuille. Elle le séduit et le convainc de la défendre dans son affaire. Farnese finit par tomber amoureux d’elle…
Le roman de George Simenon, En cas de Malheur, a déjà été adapté (et brillamment) par Claude Autant Lara, à la fin des années 50 avec en couple star le duo Gabin/Bardot. Pierre Jolivet s’attaque donc à du lourd, en faisant ce remake qu’il situe à la fin de la décennie 90. Gardant la trame originelle, il étoffe par contre un peu plus l’arrière plan social, montrant mieux les conditions de vie précaires de sa jeune héroïne, subsistant mal et tombant dans la délinquance facile. Peu débordante d’inventivité, la mise en scène se borne à filmer ses personnages à bonne distance, une façon de se concentrer sur le récit. La narration justement se suit avec plaisir, même si elle ne réserve presque aucune surprise, les situations sont souvent assez attendues. Là où Jolivet diffère d’Autant Lara, c’est également dans une ambiguïté plus insidieuse dans le développement du protagoniste féminin, la situant entre une vamp ensorceleuse et une paumée attachante. Les différences de milieu social, de caractère et de maturité apparaissent encore plus clairement ici dans la romance entretenue par cet avocat plein aux as et à qui tout réussit et cette jeune femme sans attaches, sans avenir et impulsive.
Le réalisateur de Ma Petite Entreprise réussit mieux dans son choix et sa direction d’acteurs et compose un casting cinq étoiles qui relève nettement le niveau. En tête d’affiche, Gérard Lanvin est parfait (même s’il ne fait pas oublier Gabin), Virginie Ledoyen encore assez bonne comédienne pour ses débuts, Guillaume Canet fougueux barman amoureux et violent se distingue aussi, et puis plein de seconds rôles solides (Anne Le Ny, Jean Pierre Lorit, Denis Podalydès). Mais la plus remarquable prestation revient à Carole Bouquet, étonnante en épouse blessée dans son amour et digne jusqu’au bout. Ce drame bourgeois appartient à la catégorie du bon cinéma français d’honnête facture. Pourtant, à choisir, mieux vaut revoir la version d’Autant Lara: plus tranchante, plus nette, plus tragique aussi.
ANNEE DE PRODUCTION 1998.