Claire, une femme sans histoire, mariée et une petite fille, est courtière en assurances à Lille. Un jour, elle gère un dossier pour dégât des eaux d’un vétérinaire, Laurent Kessler. Ce dernier est un homme mystérieux, charmeur et se présentant comme un prédateur de femmes. Pourtant avec Claire, il agit différemment, la courtisant avec des mots et des petites attentions. Au même moment, dans la ville, un tueur sévit depuis plusieurs mois, égorgeant des jeunes femmes au scalpel. Claire se laisse séduire par Laurent, mais commence à se poser des questions sur lui…
Comme souvent avec ses personnages, Anne Fontaine les confronte au gouffre qui les entoure, à des abimes parfois insondables dans lesquels ils tombent ou par lesquels ils sont irrésistiblement attirés. C’est complètement le cas ici de cette héroïne charmante un peu aventureuse qui accepte d’être convoitée par un homme étrange qu’elle trouve à la fois fascinant et bizarre. Le récit de ce drame flirtant avec le thriller sombre prend son temps pour installer une relation trouble entre ces deux protagonistes, la réalisatrice de Nathalie étant plus attirée par la psychologie que par l’action pure. Il en résulte dés lors un film un peu lent, avançant par petits pas et tournant autour de ce curieux rapport bourré d’ambiguité, qu’elle cultive pratiquement jusqu’au bout. Ainsi, hormis une seule séquence de meurtre (assez brutale ceci dit), le reste du métrage privilégie les non dits, le suspense qui domine (Claire est elle en danger avec Laurent? A t’elle raison de penser qu’il est peut être ce tueur redoutable dont tout le monde parle?). A la manière du Boucher de Chabrol auquel on pense par moments, Entre ses mains décrit l’attirance vers le Mal avec subtilité sans toutefois parvenir à la réussite inégalée de ce classique indémodable.
Anne Fontaine se penche avant tout sur son couple de comédiens, à la fois bien assortis et opposés: si Isabelle Carré, toujours très juste, compose son rôle avec talent et nous fait ressentir ses doutes puis ses terribles certitudes, c’est Benoit Poelvoorde, plus extravagant d’habitude qui hérite du contre emploi dramatique dans lequel il peut enfin montrer l’étendue de son registre. Ses regards fuyants sont inquiétants, son comportement questionne comme si l’on observait un animal craintif et sûr de lui en même temps. Leur duo fait en réalité l’essentiel de ce film assez bon, même si la cinéaste nous a aussi offert des oeuvres plus abouties. Sans fulgurances donc mais troublant.
ANNEE DE PRODUCTION 2005.