EVE

En lambeaux et désespérée, Eve Harrington se présente dans le vestiaire de la méga star Margot Channing, actrice de théâtre, et devient sa « protégée ». Cependant, assez vite, les intentions d’Eve apparaissent bien moins « innocentes » qu’elles en ont l’air…

Comme souvent dans le cinéma du grand réalisateur Joseph L. Mankiewicz, l’histoire qui nous est racontée se déroule par le biais des flash backs, ainsi Eve démarre par sa fin, lorsque la jeune héroïne reçoit le prix qui la célèbre et la consacre comme vedette à part entière, et c’est par le point de vue de chacun des protagonistes que l’intrigue se joue sous nos yeux. D’une intelligence redoutable, le script éblouit par des dialogues époustouflants et surtout une richesse thématique quasiment jamais vu dans une production hollywoodienne. Ainsi, Eve traite avec cynisme du milieu théâtral new yorkais, de l’arrivisme forcené, des mensonges et des coups bas entrepris pour satisfaire son ambition. Un film cruel qui démonte l’envers du décor « idyllique » trop souvent mis en avant pour monter au pinacle les stars et l’on réalise ici combien certaines peuvent se comporter comme de véritables garces. Mankiewicz est bien trop brillant et malin pour ne s’en tenir qu’à ce constat lucide, il propose en filigrane un portrait de femme éblouissant: celui d’une actrice installée, terrorisée par la peur de vieillir et de céder « sa place », écrasant de sa personnalité les « bénis oui oui » qui l’entourent. Les moyens douteux pour acquérir la célébrité ou ne serait ce qu’un rôle sont mis en avant de manière subtile grâce à une écriture véritablement habile. La mise en scène de l’auteur de Chaines Conjugales force le respect par sa maitrise absolue, sa précision, sa puissance tranquille. Il épingle autant les dramaturges que les comédiens, les metteurs en scènes que les producteurs et avec Sunset Boulevard (un peu dans cette même veine), Eve tient le haut du panier dans cette catégorie des films sur les coulisses de ces arts que l’on adule tant.

Tout en haut de l’affiche, le nom de Bette Davis brille de milles feux dans ce rôle charnière de sa carrière, alors que la quarantaine vient comme son personnage de l’atteindre, elle remet sa couronne en jeu et délivre ce qui demeure comme son interprétation la plus magistrale. Mais le reste du casting aussi mérite les plus vifs compliments: Anne Baxter en « oie blanche » pas si innocente se distingue sans le moindre mal ( le rôle est pourtant antipathique), George Sanders et sa distinction légendaire font merveille en critique théâtral. Celeste Holm, Gary Merrill et Thelma Ritter impriment aussi leurs marques. A noter la présence d’une toute jeune certaine Marilyn Monroe dans un rôle bref et tout à fait remarquable. Pour reprendre une des répliques lancée par Davis: « Accrochez vos ceintures! »,  avec ses 6 Oscars remportés sur 14 nominations, Eve décroche largement le statut de chef d’oeuvre impérissable.

ANNEE DE PRODUCTION 1950.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

La perfection ou presque avec cet immense chef d'oeuvre offert sur un plateau par un Mankiewicz rarement aussi grandiose. Bette Davis impériale de bout en bout.

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