Eva Duarte est ambitieuse et rêve de conquérir Buenos Aires. Après avoir tenté sa chance dans le cinéma, elle rencontre le colonel Juan Péron, l’épouse et devient la première Dame d’Argentine, lorsque son mari accède au pouvoir. Surnommée Evita, elle est désormais au coeur d’une vie opulente, devient la passionaria du peuple, surtout des plus pauvres. Mais l’aristocratie voit son ascension d’un mauvais oeil. A seulement 33 ans, elle tombe gravement malade…
Evita fut d’abord un immense succès de Broadway dans les années 70, mit longtemps avant de pouvoir être adapté à l’écran, et c’est finalement le réalisateur anglais de Midnight Express qui décroche la timballe et se voit responsable du projet. Alan Parker respecte scrupuleusement le texte et la scénographie de la comédie musicale, écrite par Tim Rice et Andrew Lloyd Weber, mais y insuffle une vraie démesure. Sa réalisation colossale utilise les gros moyens de la superproduction et offre un spectacle total, avec des milliers de figurants, des décors majestueux, une photographie somptueuse signée Darius Khondji (Seven) et des mouvements de caméras impressionnants. L’histoire de cette petite bâtarde venue du peuple dont l’acharnement chevillé au corps va lui permettre de vivre un destin hors du commun est relatée avec passion et très grand soin. Entièrement chanté, le film pourrait rebuter par ce parti pris de ne pas inclure de répliques dialoguées, mais d’emblée la musique est si entrainante qu’elle efface toutes les craintes. La BO, devenue anthologique, fit le tour du monde et en reste bien entendu la pierre angulaire. Parker choisit l’axe du « grandiose » plutôt que celui de l’intime, et de ce fait privilégie le divertissement pur. Donc il ne faut pas s’attendre à rentrer en profondeur dans les années au pouvoir du couple Péron. Il ne s’agit pas d’un film politique, mais d’un ample drame musical avant tout.
Parker a sûrement pris des libertés avec l’Histoire et ne donne de la grande Dame argentine qu’une image assez angélique, et c’est certainement le défaut le plus marqué que l’on puisse lui reprocher. Après des années de combat pour obtenir d’être engagée, c’est Madonna qui a décroché le rôle, et sa détermination a été payante. Qu’elle chante, danse, joue, séduit, pleure ou interpelle une foule immense, elle est magistrale! Crevant littéralement l’écran, elle EST Evita jusqu’au bout des ongles. Sa performance fut saluée par un Golden Globe de la meilleure actrice, mais elle a été injustement ignorée aux Oscars. A ses côtés, le bel Antonio Banderas surprend par ses capacités vocales et Jonathan Pryce confirme tous les dons qu’il déployait dans Carrington. Du cinéma lyrique et spectaculaire, beau et tragique comme un conte de fées… enchanté.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.