Stephen Fleming, parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, est marié depuis 25 ans avec Ingrid, avec laquelle il entretient une relation pleine d’affection. Ils ont deux enfants: Martin, brillant jeune journaliste, et Sally une adolescente à l’esprit vif. Au cours d’une réception à l’ambassade de France, Stephen fait la connaissance d’Anna Barton, la nouvelle petite amie de son fils. Il en tombe immédiatement fou amoureux…
Louis Malle, réalisateur à part dans la mouvance de la Nouvelle Vague, avait déjà provoqué des scandales, notamment en traitant de l’adultère d’une bourgeoise découvrant la jouissance dans Les Amants, ou encore l’inceste entre une mère et son fils dans Le Souffle au Coeur. Avec cet avant dernier film, il plonge dans les tourments les plus indicibles de la passion amoureuse, autopsiant une relation impossible et dévastatrice entre une jeune femme et son futur beau père, très épris d’elle. Cette histoire d’amour « interdite » et destructrice est adaptée d’un roman de Josephine Hart, sur un scénario que Malle a écrit avec l’auteur britannique David Hare. Avec un style froid et une mise en scène rigoureuse, l’auteur de Vie Privée tient son récit de manière implacable, nous rendant témoin impuissant du drame qui se noue inévitablement sous nos yeux. Rarement l’imbrication Eros Thanatos aura été aussi bien montrée qu’ici, entre des séquences d’amour et de sexe filmées admirablement et une conclusion aussi sèche que frappante. Malle dissèque les âmes et les corps, emportés dans une danse quasiment macabre, où peu de mots sont dits, où tout passe par les regards, le ressenti, accentuant le malaise que provoque l’égarement et la déraison.
La très grande force de Fatale provient aussi énormément de son couple star. Une parfaite adéquation se crée entre Jeremy Irons (très grand acteur, jusque dans ses silences) et la sublime Juliette Binoche, magnétique et mystérieusement belle. Le visage de l’actrice demeure à la fois attirant et insondable tout du long. Ils incarnent avec une fièvre rare ses amants terribles et maudits. La partition musicale de Zbigniew Preisner, mélancolique et obsédante, est aussi un apport indéniable à l’ensemble. Louis Malle réalise sinon son meilleur film, du moins son plus déchirant. Cette vision de la passion qui fait mal paraîtra peut être convenue à certains, en tout cas elle emporte notre coeur, jusqu’à sa tragédie finale.
ANNEE DE PRODUCTION 1992.