La vie de l’artiste peintre mexicaine Frida Kahlo, son oeuvre surréaliste, son engagement politique au parti communiste, sa bisexualité et surtout son amour pour le grand Diego Rivera, peintre muraliste avec qui elle vécut une histoire d’amour tumultueuse de 25 ans…
Réalisatrice américaine de théatre principalement, Julie Taymor s’est fait connaitre au cinéma avec son adaptation très ambitieuse de Titus. Nourrissant depuis toujours une passion pour Frida Kahlo, elle décide de mettre en scène ce biopic avec l’aide de Salma Hayek (productrice et actrice du projet). Un biopic flamboyant racontant le parcours d’une artiste incomparable et sûrement une des plus originales du XXème siècle. Elle se penche d’abord sur sa jeunesse dans les rues de Mexico, son terrible accident d’autobus dont elle sortira miraculeusement vivante, mais marquée pour toujours dans son corps par la douleur, les innombrables opérations, et puis sa rencontre avec Diego Rivera, dont elle sera l’épouse. Le récit remarquable de cette existence hors du commun s’étend du début des années 20 jusqu’à sa mort prématurée à 47 ans. Taymor fait preuve d’exhaustivité et de précision dans les faits relatés, grâce à une réalisation inspirée, des idées dans la composition des plans jouant beaucoup avec les couleurs. Les couleurs des tableaux de Frida bien sûr, mais aussi celles du Mexique et du quartier de Coyohacan. Dans ce corps de femme meurtrie brillaient la beauté, l’érotisme, et une formidable capacité à endurer les pires souffrances, et le film capte admirablement cette force de la nature qu’elle était, ce talent inné qu’elle a mis au service de son Art pour sublimer ses infirmités et ses faiblesses.
Hétérogène, éclatant mais aussi plus grave par moments, le scénario s’attache à nous montrer l’amour inconditionnel de Frida pour son mari volage, mais également sa liaison avec Trotski et ses attirances féminines. Il se dégage de ce portrait une émotion réelle, un souffle de lyrisme et une énergie créatrice digne de cette icône latino. La bande originale, truffée de morceaux hispanisants et exotiques, est tout simplement parfaite, surtout lorsque la voix déchirante de Chavela Vargas se fait entendre. Enfin, le film possède un diamant brut en la personne de Salma Hayek, habitée par son personnage, elle trouve là le rôle de sa vie et incarne une Frida frémissante, douloureuse, et battante jusqu’au bout. Les autres comédiens ne déméritent pas non plus, de Alfred Molina à Geoffrey Rush, en passant par Valeria Golino. Julie Taymor a réussi son pari et rend un hommage magnifique à une femme avec un F majuscule et à une peintre dont on n’a pas fini de découvrir la richesse et la valeur.
ANNEE DE PRODUCTION 2003
