1891. Guy de Maupassant est au faite de sa renommée artistique en tant que figure brillante de la vie parisienne, invité dans les salons mondains, et adulé par les femmes. Mais bientôt c’est la crise. Il est incapable de terminer son dernier roman L’Angelius et se voit atteint d’une terrible maladie qui lui sera fatale: la syphilis. Lui reviennent alors en mémoire son enfance, les débuts de sa carrière littéraire et sa passion pour les femmes et le sexe…
Deux ans après son pamphlet contre la peine de mort avec l’évocation de l’Affaire Ranucci dans Le Pull Over Rouge, le réalisateur Michel Drach prend tout le monde de cours avec un projet aux antipodes : un film d’époque pour relater la vie de Guy De Maupassant. Au lieu de proposer un biopic exhaustif et linéaire (naissance, vie, mort), Drach préfère avec son co scénariste Philippe Madral se concentrer sur les deux dernières années (pénibles) de l’existence de l’écrivain seulement âgé de 41 ans , au moment où il perd pied peu à peu. Atteint par les formes les plus graves de la syphilis, il subit hallucinations, crises de démence, idées suicidaires, état dépressif sévère et ses symptômes coïncident avec un brusque arrêt de sa création. Le récit navigue ainsi du présent douloureux décrivant la lente agonie avec les moments heureux du passé et à travers des flash backs, on revoit sa jeunesse, ses premières amours, son goût pour la débauche et son attrait pour les prostituées. Ce parti pris narratif réducteur empêche d’en apprendre davantage sur l’écrivain et son oeuvre foisonnante, enlevant à l’intrigue de l’épaisseur. Certes, Drach a tenu à réaliser un film sur le déclin de Maupassant et paradoxalement il le fait avec faste et reconstitution d’envergure (le budget global apporté par la Gaumont fut conséquent), mais cet excès de beaux costumes et décors baroques ne cadrent pas bien avec l’esprit sombre et douloureux du sujet qu’il traite finalement.
L’ambition de Drach va de pair avec une distribution haut de gamme. Claude Brasseur rentre dans la peau et la tête (malade) de l’illustre romancier et s’y montre très investi. Gâté en outre par des partenaires féminines aussi belles que douées et dont le talent n’est plus à discuter: Miou Miou tient le rôle de Gisèle, la femme qu’il a sûrement le plus aimé, Simone Signoret campe sa mère pour sa dernière apparition au cinéma, et les jeunes Véronique Genest et Catherine Frot en filles légères marquent pour leurs débuts devant une caméra. Enfin, son fidèle serviteur prend les traits de Jean Carmet, comédien ô combien attachant. Avec son imaginaire proche de Fellini, ce film biographique se termine de manière onirique pour montrer la mort comme ultime compagne. Echec critique et public à sa sortie. Mieux vaut revoir Les Violons du Bal pour mesurer la sensibilité du cinéma de Michel Drach.
ANNEE DE PRODUCTION 1982.