Diagnostiqué bipolaire, Patrick Solitano a tout perdu: sa maison, son job d’enseignant, et sa femme Nikki qu’il adorait, mais qui le trompait. En sortant de l’hôpital, il revient vivre chez ses parents. Il mène la vie dure à sa mère, et à son père, un amateur de football, très superstitieux. Un jour, il rencontre Tiffany, une voisine, jeune femme asociale et récemment veuve…
David O’Russell est l’auteur du script original de cette comédie romantique pas comme les autres. Au départ, on peut craindre le pire dans le genre film psychologique plombant entre le héros bipolaire et encore sous cachetons, sa famille cultivant des névroses pas piquées des vers, et le passé assez lourd que se trimballe ce personnage borderline. Filmé par une caméra nerveuse qui ne laisse pas de place à l’ennui, Happiness Therapy trouve cependant son rythme de croisière et nous entraine, l’air de rien, d’une étude de caractères à une histoire d’amour qui ne dit pas son nom, tant elle est traitée avec délicatesse et singularité. Bien sûr, on sent bien que la rencontre de Pat et de Tiffany, deux inadaptés sociaux, malheureux et considérés comme un peu « dingues » va être l’occasion d’étincelles romantiques, sauf que tout d’abord, c’est le ton de la comédie qui l’emporte. Et plutôt joliment! Clairement, O’Russell nous gratifie d’un « feel good movie », où la valse hésitation des sentiments nous guide gaiement, durant les deux heures de projection.
Même si la base du récit est due à un roman de Matthew Quick, le réalisateur trouve un équilibre entre le fond du sujet assez grave et le côté romanesque, avec au milieu les joutes d’amateur de sport qu’incarne avec délectation Robert de Niro (émouvant aussi dans une séquence pleine de bons sentiments). Si Bradley Cooper ne manque ni de charme ni de présence dans le rôle principal, la vraie bombe à retardement du film provient de la performance de Jennifer Lawrence, absolument incroyable en voisine grande gueule (amoureuse et danseuse aussi au passage!). Elle crève l’écran et a obtenu l’Oscar de la meilleure actrice, à très juste titre. Un peu en dehors du classicisme énervant que l’on trouve si souvent dans les comédies à l’eau de rose, cet opus fonctionne beaucoup grâce à une écriture bien troussée et à une sorte d’anti morosité fort appréciable.
ANNEE DE PRODUCTION 2012.