Le temps a passé et Peter Pan a vieilli et oublié le Pays Imaginaire. Il a épousé Moira avec qui il a deux enfants et est devenu Peter Banning, un avocat d’affaires obsédé par son travail. Mais le Capitaine Crochet, son ennemi juré, qu’il croyait mort, fait kidnapper ses enfants.
Avec ce projet de grand film d’aventures tournant autour du mythe de Peter Pan, Steven Spielberg imagine le petit bonhomme volant du Pays Imaginaire devenu adulte, marié et père de famille, légèrement négligeant avec sa progéniture qu’il délaisse pour son travail abrutissant d’avocat. D’entrée de jeu, l’auteur de Jurassic Park s’amuse à opposer le monde des adultes, foncièrement triste et sinistre, à celui de l’enfance forcément merveilleux et lumineux et peut laisser libre cours à son imagination autour de son thème favori. Celui de l’enfance évidemment, en recréant à sa sauce le conte original de Disney et en faisant le pari d’en faire un des films les plus chers de sa carrière. Les moyens déployés en terme de budget (70 millions de dollars) se voient nettement sur l’écran avec une kyrielle de décors et de costumes tous plus rococos les uns que les autres, et les effets visuels (impressionnants pour l’époque) ont quelque peu accusé le passage du temps. Son intrigue, assez cucul, tient sur une fine feuille écrite sur un coin de table et raconte le nouvel affrontement entre Peter Pan et Crochet (toujours plus méchant et ignoble), sauf que Peter doit d’abord réapprendre à voler, se battre, manier l’épée, et le voila en formation avec une bande de gamins bien décidés à lui rendre de sa superbe. Les séquences d’action restent ainsi concentrées dans un dernier quart, plus enlevé que le restant du film, bien trop long (2H22) pour ce qu’il a à raconter.
Reste que la distribution étincelante donne le tournis (Robin Williams, étonnamment bridé dans sa veine comique, incarne un Pan un peu décalé et ahuri, tandis que Dustin Hoffman campe un Crochet cabotin et vicelard déployant un semblant de gentillesse pour devenir le père de substitution des deux gosses kidnappés). En Fée Clochette bien mignonne mais plutôt sacrifiée en temps de présence, Julia Roberts se dépatouille de son rôle, un an après son sacre de Pretty Woman. En terme de pur divertissement, Hook ravivera le public le plus jeune, tel un tour de manège dans un parc d’attractions. Pour les adultes par contre, le show leur semblera proche d’un gros gâteau bourratif qu’ils auront un peu de mal à digérer.
ANNEE DE PRODUCTION 1991.