Sylvia, jeune fille « jamona », synonyme en espagnol d’appétissante, travaille à l’atelier de sous vêtements masculins, où elle fréquente José Luis, le fils de la patronne Conchita. Sylvia est bientôt enceinte et voudrait se faire épouser de José Luis, mais sa mère ne voit pas cette union d’un bon oeil. Conchita engage alors Raoul, un livreur de jambon macho et obsédé, afin de séduire la jeune fille et la détourner ainsi de José Luis. Mais le pouvoir de séduction de Raoul va entrainer des conséquences désastreuses pour tout le monde…
Auteur ibérique de certains films gentiment scandaleux comme La Lune et le téton ou Macho, Bigas Luna fut le premier avant Almodovar à organiser la rencontre entre Javier Bardem et Pénélope Cruz, avant même qu’ils ne deviennent amants, hors écran. Il dirige cette satire contant les chassés croisés amoureux et très sexuels de plusieurs personnages dans une ambiance andalouse « muy caliente »! Quasiment tout le monde couche avec tout le monde, en restant dans les clous « respectables » de l’hétérosexualité, et il est à la fois question d’usine à slip pour hommes, d’ail, d’omelettes et bien sûr de jambon, comme son titre l’indique clairement! En Espagne, l’analogie entre nourriture et sexualité fait sens et réveille des pulsions et déchaine les passions! Bigas Luna a la main lourde sur les très nombreuses séquences de sexe, débridées, au point que sa critique sociale sur les rapports de classe se voit reléguer au second plan. Il mise sur les corps à corps et cherche à déclencher notre voyeurisme, certainement de manière trop outrancière pour atteindre son but. Un Almodovar aurait traité ce même sujet avec plus de profondeur et moins de frivolité.
Ceci étant dit, le film comporte des moments drôles (la scène nocturne de corrida avec deux hommes nus et un taureau féroce) et le basculement vers la tragédie fonctionne à peu près bien, même si on la voit venir à des kilomètres! Une belle distribution fait passer la pilule de cette caricature assumée: Stéfania Sandrelli, rarement employée dans le cinéma espagnol, campe une patronne d’usine redécouvrant le plaisir à l’aube de ses cinquante ans, Pénélope Cruz donc pétulante de sensualité trouve un de ses premiers rôles importants et surtout Javier dans tous ses états: en slip, nu ou en jean moulant sur sa moto, il est follement sexy en macho bouillonnant de désir. Vous reprendrez bien une tranche de jambon??
ANNEE DE PRODUCTION 1993.
