Quand elle rentre de vacances, Lili, 19 ans, apprend par ses parents que Loîc, son frère jumeau, a quitté la maison suite à une violente dispute avec son père. Loic ne lui donnant pas de nouvelles, Lili finit par s’imaginer qu’il lui est arrivé quelque chose et se met à sa recherche. Ce qu’elle va peu à peu découvrir dépasse l’entendement…
Au départ, cette histoire vient d’un roman d’Olivier Adam, sorti en 2000, un succès de librairie entrainant ainsi cette adaptation pour le cinéma par le réalisateur Philippe Lioret, auteur de Welcome. Il tisse un drame familial aussi intense que retenu, aussi sensible que délicat avec son scénario faisant surgir les non dits d’une famille moyenne, entretenant un secret impensable jusqu’au bout. Le récit prend vie à travers le personnage féminin principal, la jeune Lili, totalement sonnée et déprimée par la disparition de son frère, parti sans explications et duquel elle est très proche. Avec une infinie économie de dialogues, Lioret contourne habilement les ficelles classiques du mélo et préfère se concentrer sur les silences et les rapports compliqués entre parents et enfant, alimentant son film d’une écriture simple et belle, moins sombre que celle du livre homonyme. Le drame se joue en vase clos, ouvre des plaies et fait parfois mal, interroge aussi sur la difficulté de gérer son désarroi, et la mise en scène ne s’encombre ni d’artifices inutiles, ni de maniérisme, ce qui permet à l’émotion de nous étreindre réellement. Accompagné d’une bande musicale accrocheuse, incluant le titre « U Turn Lili » d’Aaron , Je vais bien ne t’en fais pas taperait moins juste sans l’implication de ses interprètes.
Lioret fait de nouveau preuve d’une impeccable direction d’acteurs: Kad Merad n’avait jamais été aussi sobre qu’ici en père taiseux, muré dans un impossible aveu, Isabelle Renauld, une comédienne rare incarne la mère avec une grande justesse, Aissa Maiga campe l’amie bienveillante et Julien Boisselier, l’amoureux plein de tact. Mais la vraie lumière du film est la révélation de Mélanie Laurent, dans son premier rôle fort, à fleur de peau, touchante d’un seul regard. Elle décrocha pour l’occasion le César du Meilleur Espoir (qu’elle a largement confirmé depuis). Lioret n’a pas retrouvé la même grâce avec ses derniers longs métrages, celui ci demeurant de loin son plus beau film.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.