Barbara Graham est une prostituée délinquante et roublarde. Mais est elle une meurtrière? Arrêtée pour avoir soit disant tabassée une vieille dame à mort, elle provoque la police en refusant de répondre à leurs questions. Mais lorsque de prétendus complices la chargent, elle clame son innocence. Accusée par l’opinion publique et la presse, elle passe en procès et reconnue coupable, puis condamnée à la chambre à gaz. Alors qu’approche la date fatidique, Barbara se bat de toutes ses forces avec ses avocats pour faire éclater la vérité…
Tiré d’un cas authentique survenu aux Etats Unis en 1955, Je Veux Vivre! évoque l’Affaire Graham, une femme de « mauvaise vie » accusée à tort d’un crime qu’elle n’avait en fait pas commis et qui fut malgré tout exécutée par le gaz, après un procès retentissant. Robert Wise s’empare de cette histoire au départ policière, on suit l’enquête minutieuse, ses rebondissements et la stratégie des avocats de chacune des parties pour juger cette femme que tout accable et qui, hélas pour elle, avait déjà un casier judiciaire chargé (mais pour des délits relativement mineurs). Pourtant ce qui passionne Wise et ses scénaristes, c’est davantage de tracer un portrait féminin aiguisé, sans manichéisme, de cette « coupable idéale » dont la réputation et le passé trouble furent réellement les seuls faits pour lesquels le jury la déclara responsable. Sur une musique envoutante et jazzy concoctée par de grands noms comme Mulligan, Manne, Mitchell et Farmer, ce plaidoyer contre la peine de mort dénonce la manière chirurgicale avec laquelle les exécutions ont lieu en Amérique, laissant souvent les condamnés attendre leur sort dans le couloir de la mort, dans l’espoir d’un coup de téléphone stoppant tout ce processus insupportable. Wise colle au plus près de la réalité, contourne le plus longtemps possible l’aspect forcément mélo du propos, et assène son implacable mise en scène comme un coup de massue sur nos têtes.
Pour camper Barbara Graham, Susan Hayward y met toute sa rage, sa personnalité et son talent d’interprétation afin de rendre justice à cette dure à cuire indomptable, à l’humour dévastateur, clamant son innocence sans inspirer de pitié. Sa performance déchirante lui valut un Oscar de la Meilleure Actrice, même si certaines critiques de l’époque jugèrent son jeu appuyé. Ses partenaires masculins, Simon Oakland et Theodore Bikel, lui donnent la réplique sans démériter, mais il est vrai que l’entièreté du film repose sur elle. Les quinze dernières minutes possèdent presque un caractère documentaire sur cette barbarie encore à l’oeuvre soixante dix ans plus tard. Dans une carrière riche en succès (West Side Story, La Mélodie du bonheur), cet opus de Wise conserve une force peu commune.
ANNEE DE PRODUCTION 1958.