Alice est une femme de 35 ans, avec métier, amants et deux enfants. En amour, elle n’aime que les commencements, les bulles d’absolu, ensuite elle se lasse, elle souffre et fait souffrir et recommence… Au cours de la soirée de Noêl, elle revit les moments forts de ses rencontres et des mois passés avec les anciens hommes de sa vie…
Le point de vue d’un homme sur les états d’âmes d’une femme, voici en gros le programme proposé par le producteur et réalisateur Claude Berri avec cette chronique amoureuse désenchantée, tournée à la suite d’une séparation de ce dernier et pouvant être vue comme une sorte d’autobiographie déguisée et romancée. L’auteur du Cinéma de Papa se penche sur le cas d’une femme libre et indépendante, indécise aussi dans ses choix, ne parvenant pas à tenir ses histoires sentimentales jusqu’au bout, préférant quitter plutôt que de l’être. Avec son scénario destructuré construit sur des flash backs nombreux racontant le passé de son héroïne, Berri décortique le coeur irrésolu d’une femme éternellement insatisfaite, montrant avec un certain pessimisme que l’amour ne tient souvent que sur des hasards, des moments de bonheur fugace, avant de connaitre une fin inéluctable. Si la première partie du film accroche agréablement, ensuite la narration tourne en rond et se répète, au risque de ne pas nous captiver totalement. Certes, le cinéaste se garde bien de juger ou de tomber dans un romantisme de pacotille pour plaire, mais les atermoiements de son personnage principal finissent par lasser.
Il donne par contre un beau rôle consistant et complexe à Catherine Deneuve, alors au faite de sa beauté et de sa gloire (elle vient d’obtenir la consécration suprême aux Césars pour Le Dernier Metro), et parvient à apporter une vraie profondeur à cette femme insaisissable. Face à elle, la distribution masculine cinq étoiles retient particulièrement l’attention: Gainsbourg (en duo avec la belle pour Dieu est un fumeur de havanes), Alain Souchon pour des débuts d’acteur crédibles, et surtout Gérard Depardieu comme une évidence, ainsi que Jean Louis Trintignant remarquable en homme dévasté par la rupture. Claude Berri a fait mieux avant et fera mieux ensuite (Tchao Pantin, Germinal), mais Je vous aime dénote tout de même une sensibilité certaine de sa part et se laisse suivre… au moins pour Deneuve!
ANNEE DE PRODUCTION 1980.
