France 1428. Jeanne, toute jeune et innocente paysanne, est guidée par des voix célestes. Elle est alors convaincue que la volonté de Dieu est de libérer la France de l’oppression anglaise. Portée par sa foi et son courage, elle demande une audience auprès de Charles VII, le Dauphin de France pour pouvoir lever une armée…
Déjà plusieurs fois traitée au cinéma, l’épopée de Jeanne d’Arc a surtout imprimé les esprits grâce au film muet de Dreyer La Passion où les heures de son procès étaient disséquées minutieusement avec une caméra scrutant au plus près les moindres expressions faciales. C’était sûr qu’Hollywood allait s’emparer du sujet et en donner sa propre version. Forcément plus gigantesque, plus démesurée, plus spectaculaire. C’est le réalisateur Victor Fleming, un des auteurs de Autant en emporte le vent, qui s’y colle et qui y impose sa vision faste du personnage de la Pucelle d’Orléans. Grâce à sa mise en scène gonflée aux gros moyens financiers, Fleming évoque aussi bien les batailles livrées par la jeune paysanne exaltée que ses moments de spiritualité, jusqu’à son arrestation après la trahison du Dauphin et enfin son long procès pour sorcellerie. Historiquement, les faits respectent peu ou prou la réalité et le script suit le calvaire de Jeanne jusqu’à son sacrifice ultime sur le bûcher à Rouen. Cinématographiquement parlant, le film possède une honnêteté indéniable et un désir louable de faire connaitre cet épisode de France à une Amérique peu informée, rendre le propos universel: on peut en effet y voir comment se battre pour ses idées, mourir pour ses convictions, même si Fleming sort l’artillerie lourde et n’use pas de subtilité.
L’atout principal réside bien évidemment dans l’incarnation stupéfiante qu’en donne Ingrid Bergman, alors plus âgée que l’héroïne mais tellement convaincue qu’elle tenait là le rôle de sa vie que sa détermination force l’admiration. Jusqu’au dernier plan dans lequel elle disparait derrière l’épaisse fumée fatale, elle vit Jeanne, respire Jeanne, la ressuscite merveilleusement. Au point de ne laisser presque rien à jouer à ses partenaires, José Ferrer en Charles VII étant celui qui se distingue le mieux. Après Fleming pour qui ce sera le dernier tour de piste, des cinéastes tels que Rossellini, Preminger, Bresson, Rivette, Besson offriront leur vision personnelle de Jeanne, avec moins de grandiloquence que cette version américaine de bonne facture. Sans révolutionner quoique ce soit.
ANNEE DE PRODUCTION 1948.